C’était il y a un an et six mois.
Des femmes, des enfants, des personnes âgées fuyaient dans l’urgence une guerre insensée. Des vêtements, quelques jouets, la découverte d’une ville souvent inconnue : c’était la réalité douloureuse de l’exil que des milliers d’Ukrainiennes et d’Ukrainiens devaient subitement affronter.
Aujourd’hui, beaucoup parlent notre langue. Les plus jeunes sont scolarisés dans les écoles de la République française. Les adultes cherchent du travail, certains en ont déjà trouvé. Je discerne aussi la peur qui s’exprime, dans le silence et la pudeur, pour la vie d’un père, d’un mari, d’un fils restés combattre l’armée russe.
Des familles françaises ont ouvert leurs portes et leurs cœurs. On disait les Français égoïstes, repliés et retirés : ce récit décliniste a été largement démenti.
Cette situation nous oblige. Nous avons des devoirs.
Voilà pourquoi, en ce jour où l’Ukraine fête sa nation, je souhaite réaffirmer trois convictions :
Continuons d’aider les réfugiés. Le statut européen de « protection temporaire » a considérablement facilité les démarches liées au logement, au transport, au travail, à l’école. Il court jusqu’en mars prochain : j’appelle à ce qu’il soit d’ores et déjà prolongé pour aider à se projeter. Je souhaite réaffirmer aussi que nous nous tiendrons toujours aux côtés des réfugiés, des associations, des services publics pour que la vie dans notre ville demeure la plus « normale » possible.
Amplifions le soutien militaire. Le régime de Moscou spécule sur la lassitude des opinions publiques européennes et américaines et croit que le temps joue en sa faveur : montrons-lui qu’à l’inverse, plus ça durera, plus ce sera dur. Le Danemark et les Pays-Bas viennent d’annoncer le transfert d’avions de chasse : la France doit elle aussi répondre présente. Il ne s’agit en rien d’être des va-t-en-guerre, mais nous savons qu’aujourd’hui, une armée ukrainienne puissante est la condition du retour de la paix.
L’horizon, c’est l’Union européenne. Bâtir une économie de marché performante et intégrée au marché unique, assurer l’Etat de droit, promouvoir les droits humains fondamentaux, rejoindre le grand projet européen : si les Ukrainiens confirment leur choix d’adhérer à l’Union Européenne, nous devons nous en faire le relais. Quand la guerre se sera tue, lorsque les critères d’admission seront remplis, le drapeau aux bandes bleue et jaune pourra alors devenir le vingt-huitième des drapeaux de notre Union.
Aux hommes mobilisés sur la ligne de front de Bakhmout, Zaporijia ou Kherson, à celles et ceux qui montrent leur courage face aux missiles et aux drones de Poutine, nous devons rappeler que nous savons ce que nous vous devons : un peuple qui lutte pour sa liberté est un peuple qui lutte pour la liberté du monde.