La barbarie à l’état pur.
Voilà ce qui une fois de plus, une fois encore, une fois de trop, nous rassemble dans la communion de notre place, de notre cœur de ville.
A chaque fois les mêmes mots, les mots sentiments, les mêmes peurs nous étreignent. A quelques kilomètres de Nancy ou plus loin dans le monde, en 2013, en 2015 ou en 2023, nous assistons au déchaînement de la folie humaine.
Ces scènes surréalistes qui une fois de plus surgissent dans nos vies, au coeur des fêtes juives, sonnent comme un douloureux rappel à toutes celles et tous ceux qui se contenteraient de valeurs démocratiques endormies sur leurs lauriers.
A quel degré l’antisémitisme et la barbarie doivent ils se hisser pour qu’une fois pour toutes, nous nous réveillions ? Quand entendrons nous vraiment Hannah Arendt qui rappelait dès 1951 que « c’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal » ?
Les Israéliennes et les Israéliens sont sous le choc et nous leurs disons notre solidarité, notre amitié fidèle, notre profonde émotion. Je pense notamment à Avichai Stern, le maire et les habitants de Kiryat Shmona, notre ville soeur israélienne, enfermés aujourd’hui dans un abri antiaérien.
Les juifs de France sont sous le choc et à Nancy, nous leur disons que leur destin est le nôtre, que la République se tient aux côtés de chacun de ses enfants, que les Nancéiennes et les Nancéiens choisissent d’être les héritiers d’Edouard Vigneron et ses collègues du service des étrangers de la police de Nancy, plutôt que de Maurice Barrès.
Nous sommes toutes et tous sous le choc, quelles que soient nos confessions, nationalités, opinions. Car ce dont il est question ici, c’est d’abord d’humanité.
Celle qui a quitté le coeur et l’esprit des terroristes qui assassinent et kidnappent par centaines enfants, jeunes, vieillards, femmes, hommes, parce que juifs. Qui par leurs actions entraînent aussi la mort de tant de civils palestiniens à qui nous pensons aussi ce soir.
Nous exprimons notre soutien à la démocratie israélienne, pour se défendre tous les moyens prévus par les conventions internationales. Les représailles contre les terroristes doivent être implacables, elles doivent aussi épargner les civils.
Si la paix ne peut être atteinte à court terme, sa perspective et son processus ne peuvent, ne doivent jamais être abandonnés.
Dans son dernier discours à Tel-Aviv en 1995, quelques instants avant d’être assassiné par l’extrême droite, Yitzhak Rabin rappelait que « La violence, il faut la dénoncer, il faut la vomir, il faut l’isoler. Ce n’est pas la voie des démocraties. »
Qu’il est long le chemin. Ne le quittons jamais.