Heureux d’avoir conduit ce mardi à l’Elysée une délégation d’acteurs des politiques de l’autonomie en Meurthe-et-Moselle.
Place et rôle des personnes âgées en France, mise en œuvre de la loi pour l’adaptation de la société au vieillissement, développement de l’action sociale et territoriale, engagement dans la silver économie… l’action conduite sous l’impulsion du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle en matière d’adaptation de la société au vieillissement est reconnue aujourd’hui au niveau national. Sous ce quinquennat, 25 000 places nouvelles auront été créées en EHPAD, 80 000 logements auront été adaptés d’ici 2017, le congé payé pour les proches aidants des personnes en perte d’autonomie sera effectif au 1er janvier 2017 et dans quelques jours le crédit d’impôt sera élargi à l’aide domicile.
A l’instar de la pauvreté des enfants, nous savons que le vieillissement et les risques d’exclusion qu’il peut engendrer doivent être activement combattus. C’est autant un enjeu de protection renforcée que d’investissement accru en faveur d’un modèle social à la fois solide et envié à travers le monde, tourné vers l’avenir, porteur d’espoir et de sens.
Je vous invite à retrouver ci-dessous mon discours :
Réception à l’occasion de la semaine nationale… par elysee
Monsieur le Président de la République,
Mesdames les ministres,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les responsables d’associations,
Mesdames et messieurs,Au nom de l’ensemble des élus départementaux de Meurthe-et-Moselle, je tiens, avec Annie Silvestri, vice-présidente à l’autonomie présente à mes côtés, à vous remercier pour l’occasion qui nous est donnée de mettre en lumière la mobilisation des départements, collectivités territoriales cheffes de file des solidarités, en faveur de l’autonomie et de la citoyenneté des personnes âgées.
La place et le rôle des personnes âgées en France où le système de soin et de solidarité permet d’atteindre les chiffres les plus élevés de l’espérance de vie dans le monde, est l’un des enjeux majeurs du présent et de l’avenir de notre précieux vivre-ensemble. Aucun territoire de notre pays, du plus rural au plus urbain, ne peut aujourd’hui s’exonérer de l’exigence sociale autant que morale d’œuvrer pour le développement d’une société qui donne toute sa place aux personnes âgées, notamment les plus fragiles.La loi pour l’adaptation de la société au vieillissement du 28 décembre 2015, très attendue et que le temps viendra reconnaître comme un tournant, à l’instar de celle de 2005 pour le monde du Handicap, souligne la forte mobilisation des acteurs, des institutions et des citoyens autour des enjeux du vieillissement. Elle nous met sur le chemin de « la révolution mentale » que Paulette Guinchard-Kunstler appelait il y a 15 ans de ses vœux pour mieux appréhender la perte d’autonomie.
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Nous sommes avec la délégation de Meurthe-et-Moselle qui m’accompagne, les représentants d’un département qui doit sa forme originale au traité de Francfort qui et mêle ainsi des bassins de vie très divers. La Meurthe-et-Moselle rurale et urbaine, agricole, industrielle et universitaire, s’étire sur un ensemble complexe, du piémont des Vosges jusqu’au Luxembourg et à la Belgique, en passant par la nouvelle métropole du Grand Nancy.
Français depuis juste 250 ans, lorsque le Duché de Lorraine et de Bar s’est uni à la France, notre territoire a connu un formidable essor industriel au 20eme siècle, lié à la sidérurgie et aux mines qui a attiré toute l’Europe en quête d’un travail, dans un territoire de paix, prospère et ouvert.
Cette histoire singulière, elle compte pour le développement économique du territoire, et elle compte aussi dans le parcours de vie de chacun des habitants de Meurthe-et-Moselle, et notamment celui de nos ainés.
Longtemps dans nos cantons, la culture ouvrière, faite de brassage et de solidarité, a fait régner les solidarités familiales. L’effort de la puissance publique et du département pour la construction d’un maillage de prestations, d’établissements et de services pour les personnes âgées n’a été rendu nécessaire que plus tardivement, mais pour couvrir des besoins encore plus importants.
Aussi, avec cette histoire singulière, c’est pour l’ensemble des Meurthe-et-Mosellans et notamment pour ceux qui sont venus d’ailleurs, d’Italie, de Belgique, de Pologne, du Portugal, du Maghreb ou d’Afrique et qui enrichissent notre identité commune, que préserver un service public de qualité pour les personnes âgées, prendre à bras le corps la question de l’accompagnement du vieillissement est essentiel, car cela permet de construire un trait d’union entre les générations, les pays, les histoires et les destins.
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Depuis les débuts des années 80, c’est à dire l’époque où les départements sont, grâce à la décentralisation, devenus des collectivités territoriales à part entière, mobilisés autour d’un projet pour leur territoire, c’est une série de briques qui ont été assemblées en Meurthe-et-Moselle, pour construire une réponse publique forte en faveur des personnes âgées.
Les premières Assises Départementales des retraités et personnes âgées ont eu lieu en 1983.
Plus tard, sous l’impulsion du fervent développeur de l’action sociale et territoriale qu’était mon prédécesseur Michel Dinet, le conseil général de Meurthe-et-Moselle a adopté plusieurs dispositions qui ont préfiguré des conquêtes sociales que généralisera le gouvernement de Lionel Jospin, celles, avant l’APA, élargissant l’accès à la Prestation Spécifique Dépendance (PSD) ou encore celle, avant la CMU, créant en coopération avec la Mutualité Française la mutuelle Camille, permettant aux personnes âgées ayant des revenus modestes d’acceder à une couverture de santé complémentaire.
Le temps du développement des politiques en faveur de l’autonomie des personnes âgées s’est toujours poursuivi. En 2002 est arrivée l’Allocation personnalisée d’Autonomie, pour laquelle notre département avait assumé sa responsabilité en termes de préfiguration et de financement. L’APA aura marqué une étape essentielle dans la lutte contre les inégalités, qui se cristallisent dans le grand âge.
Aussi, la convergence précoce en Meurthe-et-Moselle des services départementaux Personnes Agées et Personnes Handicapées dans les territoires a posé les jalons de l’approche globale de l’autonomie, sans gommer les différences inhérentes aux deux statuts, comme Pascale Boistard a pu l’apprécier lors de son déplacement à Nancy le 1er juin dernier.
Aujourd’hui encore, nous cherchons à favoriser un meilleur accès aux droits et à simplifier le service rendu. Les équipes du département vont par exemple au domicile des personnes pour le suivi des dossiers, munies de tablettes et d’outils pour numériser sur place les différents documents. Demain, le coffre-fort numérique préfiguré dans le cadre du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale porté par Marisol Touraine, facilitera encore les choses, et pour tous les publics.Enfin, plusieurs étapes déterminantes ont également été franchies sur le volet du parcours de soin et de l’accompagnement des personnes âgées. Après le développement du projet MAIA (Méthode d’Intégration des services d’Aide et de soins dans le champ de l’Autonomie) par les services départementaux, ce fut au tour, dès 2012, du projet PAERPA (Personnes agées en risque de perte d’autonomie) de connaître, sous la houlette de l’ARS et du conseil départemental, un développement unique en France, en passe d’être généralisé à l’ensemble du territoire de la Meurthe-et-Moselle.
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Sur ce terreau de développement et d’innovations, la loi d’adaptation de la société au vieillissement est un engrais fertile. Elle vient renforcer le partenariat essentiel entre l’Etat et les départements mais aussi les caisses de retraite et les acteurs de la société civile.
La Meurthe-et-Moselle, a choisi d’en être préfiguratrice sur plusieurs aspects.
Le Conseil départemental s’est engagé dans la mise en place, dès le mois de mars, de la nouvelle formule de l’allocation personnalisée d’autonomie. Un effort important car ce sont près de 8 000 personnes âgées en Meurthe-et-Moselle qui ont vu leur reste à charge fortement diminuer. Je veux souligner que l’Etat a été à la hauteur de son engagement en abondant sa participation financière, ce qui tranche à l’évidence avec la décroissance forte qu’a connue sa participation au financement de l’APA après 2002.
En outre, la mise en place de la conférence des financeurs pour la prévention de la perte d’autonomie et la lutte contre l’isolement, dotée d’un budget de 1,1 millions d’euros cette année a permis de lancer dès septembre un appel à projet pour financer les initiatives en ce domaine. Ce ne sont pas moins de 75 porteurs de projets qui se sont manifestés en Meurthe-et-Moselle! Et je dois le dire, c’est le signe d’une forte ambition des acteurs du territoire car nous ne pensions pas nous-mêmes atteindre, dans un délai contraint, de tels résultats.
Cette prise en compte des besoins des personnes âgées ne peut se faire qu’avec les personnes elles-mêmes. Leur assurer une place dans la société, c’est bien sûr mettre en oeuvre les conditions sanitaires et sociales les plus propices à l’autonomie. Mais avant d’être des personnes dont il convient de se préoccuper de l’accompagnement pour garantir leur autonomie, les personnes âgées sont des citoyennes et des citoyens dont la capacité de transmission, d’accompagnement et de lien social est encore trop sous-estimée. C’est d’ailleurs en ce sens que l’assemblée départementale avait confié la Présidence du CODERPA à un représentant des retraités et non pas à un élu départemental. Et c’est sur ces bases que nous avons particulièrement avancé sur la mise en place du nouveau Conseil Départemental de la Citoyenneté et de l’Autonomie (CDCA) dont l’installation officielle en Meurthe-et-Moselle a eu lieu hier.
Il y a enfin une autre réforme dont nous attendons tous les effets grâce à la loi ASV, c’est celle du secteur des services d’aides à domicile. La mission flash d’audit des acteurs du secteur en Meurthe-et-Moselle, impulsée par Pascale Boistard, aura permis d’avancer sur certaines pistes et nous devons absolument trouver un modèle économique viable pour ces acteurs indispensables de l’autonomie, modèle qui ne doit pas aboutir à creuser les inégalités entre les personnes âgées. En Meurthe-et-Moselle, en dépit des déficits récurrents des services à domicile, le conseil départemental fait le choix d’un refinancement qui ne se répercute PAS sur les tarifs et les restes à charge pour les personnes. C’est un choix politique pour plus d’égalité.
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Vous le voyez, certains chantiers de cette loi sont comme en Meurthe-et-Moselle déjà achevés, et d’autres sont en cours de déploiement à l’instar de celui concernant l’aide aux aidants, qui est un défi majeur dans l’articulation des solidarités familiales et institutionnelles.
Nous ne pouvons évidemment pas nous arrêter là. La loi atteindra son objectif en étant un levier pour les acteurs de terrain.
Cet effet levier de la loi, il doit toucher les départements eux-mêmes. Pour la Meurthe-et-Moselle c’est celui du renforcement de notre engagement autour de la question du logement des personnes âgées. La loi ASV, autour de l’enjeu qu’elle trace pour l’adaptation du logement, constitue un argument supplémentaire en faveur de la prise de compétence de la délégation des aides à la pierre, qui permettra d’orienter la construction de logement privés et sociaux vers des logements adaptés au bénéfice des personnes âgées, notamment en milieu rural. Aujourd’hui déjà, nous sommes maîtres d’ouvrage de résidences accompagnées, qui permettent d’adosser un accompagnement social à une offre de logement individuel. N’oublions pas que 81% des personnes âgées aspirent à vieillir dignement DANS leur domicile.
Cette loi doit également faire levier pour les liens qui uniront demain tous les acteurs de la société autour des enjeux du vieillissement.
Ces liens, ce sont ceux de l’engagement citoyen et associatif auprès des personnes âgées, ceux que nous vivons par exemple à travers le dispositif MONALISA en Meurthe-et-Moselle. Grâce à Monalisa, ce sont des équipes citoyennes qui se déploient auprès des personnes pour lutter contre l’isolement. Ces liens d’engagement, ce sont aussi la multiplication des services civiques, mobilisés par exemple dans notre département autour d’actions telles que la collecte de la mémoire des personnes âgées.
Enfin, n’oublions pas, et c’est une conviction, que les acteurs économiques, les entreprises jouent un rôle majeur. C’est dans ce sens que nous sommes engagés en faveur de la silver économie, qui constitue une formidable source de développement économique et solidaire pour les territoires.
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C’est pour cette articulation entre solidarité des droits, garantie par l’Etat, et solidarités d’engagement, portées par les collectivités territoriales et la société civile, que nous devons poursuivre nos efforts et orienter notre système de solidarité.
A l’instar de la pauvreté des enfants, nous savons que le vieillissement et les risques d’exclusion qu’il peut engendrer doivent être activement combattus.
C’est autant un enjeu de protection renforcée que d’investissement accru en faveur d’un modèle social à la fois solide et envié à travers le monde, tourné vers l’avenir, porteur d’espoir et de sens.
Je vous remercie.