Merci à Laurent Wauquiez, président d’un parti qui, avec lui à sa tête, n’aura jamais aussi mal porté son nom, et Christian Estrosi, élu pourtant avec les voix de la gauche à la tête de Provence Alpes Côte d’Azur il y a moins d’un an, de nous rappeler à quel point la droite française est à la dérive. Car prétendre lever les foules pour empêcher l’accueil de quelques milliers de réfugiés en France est tout simplement indigne, contraire à la tradition d’accueil et d’ouverture de notre pays.
Nous devons tous prendre notre part : bienvenue en Meurthe-et-Moselle aux migrants que notre département aura la responsabilité de protéger.
Cette incessante déferlante, additionnée à celle du FN, ne devrait produire qu’un seul résultat : la remobilisation de la gauche autour des valeurs fondamentales qui sont les siennes, au premier rang desquelles la justice sociale, l’égalité des droits, l’idéal européen, la solidarité internationale. Pourquoi baisser la tête et se résigner à l’idée que la France ne pourrait être gouvernée entre 2017 et 2022 que par celles et ceux qui veulent diviser et stigmatiser ?
Cette élection présidentielle va se dérouler dans un contexte grave et inflammable.
Notre pays est menacé, attaqué et traverse une époque qui appelle à la tête de l’État la fermeté et la bienveillance.
La gauche en général, les socialistes en particulier, doivent se ressaisir. Une primaire de toute la gauche serait la meilleure solution, une primaire de la gauche de gouvernement est le minimum requis.
Je ne comprends pas ceux qui écartent par principe la primaire pour ne pas prendre le risque que les citoyens désignent François Hollande et les obligent ainsi à le soutenir… Je ne comprends guère mieux pourquoi, de ce quinquennat, il faudrait jeter le bébé avec l’eau du bain.
Je n’en ai pas toujours été un laudateur et le funeste débat sur la déchéance de nationalité restera pour ma part comme un épisode particulièrement douloureux. J’ai donc entendu avec d’autant plus de soulagement et d’intérêt le président de la République lors de son discours du 8 septembre.
Et s’il faut comprendre les doutes, les colères et les déceptions, il faut aussi reconnaître que le soutien à l’école, les moyens pour la sécurité, le mariage pour tous, la limitation du cumul des mandats ou le rétablissement de la retraite à 60 ans pour les carrières pénibles sont quelques exemples qui montrent qu’entre la gauche et la droite, des débats majeurs demeurent.
Charge maintenant à François Hollande d’expliquer aux Français les choix qu’il a faits et de se confronter avec celles et ceux qui espéraient autre chose de son élection en 2012. S’il n’est pas trop tard, le moins que l’on puisse dire c’est que le temps presse.
Nous ne pouvons nous payer le luxe de préparer le coup d’après ou d’attendre je ne sais quelle alternative. Car la seule qui se dessine à l’horizon est entre la droite et l’extrême-droite au second tour de la présidentielle.
Si le discours de Wagram est le socle d’un projet, si l’heure d’une franche explication avec les citoyens et d’un bilan lucide du quinquennat a sonné, la candidature de François Hollande aura du sens. Il lui appartient dès à présent de donner des signes et créer les conditions d’un large rassemblement.