Aujourd’hui, lors de la séance d’installation du conseil métropolitain du Grand Nancy, j’ai souhaité rappeler la nécessité de construire une métropole solidaire, attractive, utile à l’ensemble du territoire, à l’ensemble du bassin d’emploi. A partir de ce jour, l’ensemble des communes du Grand Nancy se retrouve à égalité au sein de leur intercommunalité.
Sachons bâtir des compromis et le faire en toute clarté. Cela n’interdit pas les débats, au contraire. Cela leur donne peut être un peu plus de relief, un peu plus de crédibilité vis-à-vis de nos concitoyens.
Je vous propose de retrouver, ci-dessous, l’intégralité de mon intervention :
Nous actons aujourd’hui le travail mené par de nombreux acteurs pour mettre en musique le projet métropolitain.
Vous avez, monsieur le président, cité le conseil départemental. Il y a évidemment d’autres espaces, à l’échelle du sud de la Meurthe-et-Moselle qui ont amené le Grand Nancy, les intercommunalités du sud de la Meurthe-et-Moselle, le syndicat mixte du SCOT, le conseil départemental, le conseil régional, l’Etat à travailler ensemble autour de cet enjeu.Il a plusieurs paternités, vous les avez évoquées dans votre propos introductif. L’originalité de la Meurthe-et-Moselle et du Grand Nancy tient à l’alliance originelle entre la création de la métropole et la structuration progressive d’un pôle métropolitain à l’échelle du Sud du département. Et sur la responsabilité, tel que cela figure d’ailleurs dans la lettre de mission que le Premier Ministre Manuel Valls a confiée au préfet Mahé, il y a maintenant un peu plus d’un an, cela tient à la volonté de faire en sorte que le Grand Nancy, métropole solidaire, je partage cette ambition, soit pleinement inscrite dans son double rayonnement territorial. Le rayonnement Nord – Sud, celui du Sillon lorrain, dans lequel elle s’inscrit depuis longtemps et vous assurez actuellement la présidence du Syndicat mixte autant qu’en tant que locomotive, demain, du pôle métropolitain du Sud 54 qui lui, peut-être, s’élargira et devra s’élargir dans une réflexion nouvelle – parce que les territoires continueront à bouger- sur le Sud lorrain.
J’insiste particulièrement sur cette dimension, car cette logique de solidarité est la meilleure réponse à toutes celles et tous ceux qui peuvent parfois légitimement craindre que métropole égal encore plus de concentration des richesses et des pouvoirs.
Il me semble que nous avons déjà, et que nous devrons continuer à donner des garanties démocratiques, financières aussi, de cette volonté de construire une métropole forte, qui rayonne – car c’est l’objectif d’une métropole d’avoir des compétences plus larges notamment sur le plan économique pour lui permettre d’être créatrice de richesses encore plus nombreuses, donc plus attractive. Cette attractivité renforcée, c’est essentiel, doit servir à l’ensemble du territoire, à l’ensemble du bassin d’emploi. C’est là le véritable défi des années qui viennent. Et pour relever ce défi majeur à l’échelle du Grand Est, je crois qu’il était sain, nécessaire, pour ne pas dire indispensable que la gouvernance du Grand Nancy change en profondeur.Je m’inscris en faux par rapport à l’idée qu’aujourd’hui ce ne serait qu’une question de gauche ou de droite concernant la composition de l’exécutif. Ce qui me parait aujourd’hui essentiel, c’est qu’à partir de ce jour, l’ensemble des communes du Grand Nancy se retrouve à égalité au sein de leur intercommunalité. C’est bien cela qui marque l’avènement de la métropole du Grand Nancy. Parce que les citoyens des vingt communes qui la composent élisent des conseillers municipaux qui élisent ensuite des maires. Et ces maires, pour exercer pleinement avec leurs équipes municipales le mandat que les électeurs leur ont confié, doivent pouvoir agir là où les compétences de leurs communes aujourd’hui, pour un nombre important d’entre elles, se décident et se mettent en oeuvre, à savoir à l’échelle de leur intercommunalité et ici la métropole.
Pour pouvoir aborder et relever les défis d’une métropole solidaire, ouverte sur les territoires voisins qui coopèrent, il n‘était pas envisageable qu’en son sein, cette solidarité ne soit pas d’abord exercée.
Je me réjouis très profondément que la création de la métropole du Grand Nancy aille de pair aujourd’hui avec la mise sur un pied égalité des citoyens des vingt communes du Grand Nancy au sein de leur intercommunalité.Est-ce que cela empêchera le débat d’idées ? J’espère que non. Est-ce que cela empêchera parfois des oppositions ? J’espère que non et je ne suis pas loin d’être convaincu qu’il y aura encore largement dans cette enceinte l’espace pour exprimer des points de vue différents. Mais enfin, sortons un peu le nez de nos certitudes franco-françaises. Nous sommes dans une grande région européenne. Nous ne cessons de nous en targuer. Regardons simplement comment nos voisins fonctionnent. En Belgique, en Allemagne. Depuis très longtemps, ils sont capables de se présenter à des élections locales sous leurs couleurs et de défendre leurs valeurs et ensuite de construire ensemble des pactes de gouvernement territoriaux, d’ailleurs à géométrie et calendrier variables qui permettent non pas de régler toutes les questions, non pas de faire un unanimisme de façade, mais de se mettre d’accord sur un certain nombre de grands projets qui peuvent et qui doivent être conduits ensemble.
En France, nous avons tendance à avoir l’unanimisme honteux. Tous ceux qui protestent toujours contre l’effacement des clivages sont les mêmes qui votent à 90 % toutes les délibérations à l’unanimité, dans toutes les collectivités. N’ayons pas l’unanimisme honteux. Sachons bâtir des compromis et le faire en toute clarté. Cela n’interdit pas les débats, au contraire. Cela leur donne peut être un peu plus de relief, un peu plus de crédibilité vis-à-vis de nos concitoyens.
En tous les cas aujourd’hui, c’est ma conviction, nous sommes à une étape importante, déterminante. Je pense que cette étape fera école à l’échelle du territoire du sud de la Meurthe-et-Moselle, à l’échelle de la région Grand Est. Et je nous donne rendez-vous, dans les années qui viennent, pour étendre le périmètre de ces confrontations fructueuses, il doit y en avoir – et en même temps de ces compromis indispensables.
Nous sommes dans une démocratie en crise, nous le savons. A chaque élection nous le voyons. Je suis de ceux qui pensent que face à cette crise citoyenne il faut réhabiliter la parole publique et la réhabiliter cela passe par lui donner une plus grande efficacité et celle-ci repose notamment sur un gouvernement partagé.