En Meurthe-et-Moselle, la solidarité avec les personnes et avec les territoires s’inscrit dans l’histoire du département. Cela s’incarne dans de grandes figures politiques et syndicales de gauche comme Michel Dinet ou Jacques Chérèque.
Héritiers de cette histoire, les élus de la majorité de gauche de ce département œuvrent depuis 1998 pour positionner la solidarité au cœur de son projet. Aujourd’hui, il est nécessaire de réinventer des solidarités permettant d’offrir à chacun les outils de l’émancipation et de l’autonomie.
Je vous invite à retrouver ci-dessous la tribune publiée ce jour dans Libération suite à 2 jours de réflexions engagées au conseil départemental avec les présidentes et présidents de départements de gauche.
Nous croyons en la solidarité, celle des institutions et celle des citoyens, pour « rallumer tous les soleils » et offrir à chacun les outils de l’émancipation et de l’autonomie. Il nous faut, dès aujourd’hui, travailler à redonner aux solidarités leur place centrale dans le pacte républicain , dans tous les territoires de France hexagonale comme dans les Outre-mer.
Le 20ème siècle a été celui de l’universalisation de la protection sociale, où la France a édifié progressivement un système de solidarité intégratif et universel.
Pourtant, nous sommes confrontés à un décalage de plus en plus important entre nos politiques publiques et les besoins de nos concitoyens face aux mutations d’une société mondialisée, marquée par un renforcement des inégalités sociales et par une nouvelle forme de fragmentation du temps, de l’espace, des identités et des valeurs.
Ce sont aussi les discours démagogiques et stigmatisants, pointant la solidarité comme une forme d’assistanat généralisé, qui entravent la puissance réformatrice des politiques de solidarité.
Pour que la solidarité redevienne le cœur de la République, il faut retrouver la confiance des citoyens dans des politiques publiques qui reconnaissent à la fois la solidarité comme un droit et comme un levier d’investissement social pour l’avenir. Il faut aussi construire une articulation nouvelle et essentielle entre :
- La solidarité des droits à l’échelle nationale d’une part, universelle, garante d’un égal accès sur l’ensemble du territoire, celle du droit inaliénable au recours à la solidarité tout au long de sa vie dans le cadre d’un engagement républicain articulant de façon juste et équilibrée droits et devoirs.
- La solidarité d’engagement d’autre part, s’appuyant sur toutes les ressources locales des territoires, des collectivités territoriales aux travailleurs sociaux en passant par les associations et bien-sûr les citoyens.
Pour ouvrir ce nouvel horizon nous appelons :
- A créer une allocation de solidarité unique et universelle fusionnant les différents minimas sociaux, permettant de lutter contre le non-recours aux droits et financée par la solidarité nationale dont l’État est garant
- A promouvoir le juste droit car il faut agir en responsabilité et assumer un contrôle efficace de la délivrance des différentes prestations
- A instaurer la participation associative et citoyenne à tous les niveaux des politiques publiques
- A renforcer les départements comme fer de lance de l’accompagnement des personnes vers l’emploi via les politiques d’insertion
- A innover pour mobiliser de nouveaux outils de financement de la solidarité
Ces engagements ne peuvent être mis en œuvre que dans le cadre d’une véritable République décentralisée alliant la confiance de l’Etat dans les acteurs locaux pour assurer l’accompagnement des personnes, et la confiance des acteurs locaux dans l’Etat pour assurer l’égalité des droits dans le respect des valeurs républicaines.
Nous sommes convaincus que la première étape vers l’universalité des outils de solidarité sera une issue positive des discussions avec le Gouvernement afin d’assurer une recentralisation juste et équitable du financement de l’allocation RSA. Ce sera l’occasion de corriger les inégalités qui existent entre les départements concernant le poids financier de cette allocation.
Après cette première étape, nous ne rentrerons pas dans le jeu de la stigmatisation de notre contrat social et formulerons des propositions afin de réinventer des politiques de solidarité capables de protéger chacun efficacement et de préparer un meilleur avenir pour tous.