Intervention de Mathieu Klein en ouverture de la session publique du Conseil Général, dont la matinée est consacrée au centenaire de la guerre 14/18.
A cette occasion, les élèves du Collège Claude Lorrain nous ont présenté, aux élus, à la Député Chaynesse Khirouni, aux représentants de l’Etat et aux Anciens Combattants, leur pièce retraçant la grande guerre et le quotidien des poilus, mais aussi des familles restées dans les villes et villages.
Mesdames et messieurs les conseillers généraux
Mesdames et messieurs les représentants des associations d’Anciens Combattants,
Madame la Principale du collège Claude le Lorrain
Mesdames et messieurs les enseignants
Chers élèves de Claude le Lorrain,C’est avec une émotion toute particulière que je vous accueille, au nom de l’assemblée départementale.
Commémorer la Grande Guerre cent années après son déclenchement est un événement exceptionnel qui ne consiste pas seulement à faire le récit de ce qui s’est passé.
La paix sur notre continent s’est conquise au prix de millions de vies. Si le rêve d’une génération de précurseurs s’est réalisé après des siècles de déchirements et de haines, la paix n’est ni un don, ni une évidence. C’est un choix, éclairé et lucide, d’organiser le destin commun d’une nation, d’un peuple, d’un continent, sur d’autres fondements que ceux de l’affrontement et de la domination. Pour nous Français, c’est le choix de l’Europe.
Mais l’Europe comme la paix ne doivent pas être des discours béats. La paix est un engagement qui peut ôter la vie, comme le rappelle le tragique destin de Jean Jaurès, dont nous commémorerons le 31 juillet, le centième anniversaire de l’assassinat. L’histoire aura retenu de lui milles leçons, elle l’aura à juste titre rangé parmi les grandes voix de la paix. Il était aussi l’un des parlementaires les plus avisés des enjeux de la défense nationale, fin connaisseur de l’armée de son pays. En 1911, il écrivait dans L’armée nouvelle « Quand une grande nation républicaine aura poussé jusqu’à l’absolu sa volonté de paix et sa volonté d’indépendance, une première promesse universelle de paix entrera enfin dans la totalité des choses; les multitudes armées, que le génie de la France organisera demain pour son salut, céderont un jour non pas à la violence sauvage de l’envahisseur, mais au sourire de la grande paix humaine, emplissant tout l’horizon de sa certitude victorieuse et couvrant toutes les patries de son rayonnement »
Il nous revient aujourd’hui de définir une vision contemporaine de la mémoire et d’ouvrir toutes les pages de notre histoire.
Ce travail, nous le faisons notamment dans le cadre de l’association Paysages et sites de mémoire de la Grande Guerre. Je veux souligner le travail et l’engagement de son vice-président notre collègue Jean-Paul Vinchelin. Je lui ai également demandé de poursuivre à mes côtés le travail dans le cadre de la délégation peu commune pour un département que Michel Dinet avait créé aux anciens combattants et au devoir de mémoire. Nous portons la demande de classement au Patrimoine Mondial de l’Unesco de trois sites, qui seront autant de portes d’entrée pour des territoires plus larges : Le Bois-le-Prêtre et la nécropole nationale, qui doit permettre de créer des logiques de circuit de visite sur le secteur Thiaucourt – Pont-à-Mousson autour de 14 – 18 – Le Léomont, qui doit aussi être l’entrée vers les éléments remarquables de la Mortagne et du Sânon et du Grand Couronné – La Chapelotte, qui est liée naturellement à l’histoire de la « guerre des montagnes ».Ce travail, le conseil général le porte également au titre du double enjeu pour notre département et ses territoires : un enjeu de mémoire, de transmission, d’identité, où l’action culturelle, avec les scolaires notamment, a un rôle essentiel à jouer – et un enjeu de valorisation de l’histoire et du patrimoine du territoire, avec des retombées y compris économiques. Je pense notamment à la mémoire de la guerre dans le Pays Haut, zone frontière qui a également souffert de ce conflit, de Briey à Bazerailles, de Morfontaine à Audun le Roman entre autres exemples, à laquelle je demanderai à Jean-Paul Vinchelin, à Jean-Pierre Minella au titre de la politique culturelle et aux vice-présidents territoriaux Christian Ariès et André Corzani de veiller tout particulièrement.
Nous organisons, ou accompagnons dans une démarche coopérative, ouverte à la mémoire allemande en partenariat avec le Goethe Institut de Nancy.
Je veux également rappeler l’engagement qu’a porté notre assemblée sous la présidence de Michel Dinet, en demandant la réhabilitation des fusillés pour l’exemple.
Ces célébrations s’adressent à tous. Elles doivent nous permettre de parler plus spécifiquement aux jeunes Meurthe-et-Mosellans, et leur rappeler la force des valeurs républicaines de tolérance, de justice et de solidarité qui ont éclairées la reconstruction de notre République après cette terrible épreuve. La République est notre bien commun, il nous revient, chacun dans nos responsabilités ou nos engagements, de la faire vivre pour permettre à tous de grandir ou de s’épanouir dans le respect et la dignité.
En vous produisant en ouverture de cette session, vous me donnez l’opportunité de saluer une image singulière où anciens combattants aux côtés de nos collégiens, dans cet hémicycle républicain, se retrouvent pour évoquer cette mémoire commune. Ces moments sont rares et précieux car ils symbolisent la transmission mais aussi la continuité de notre histoire.
A l’issue de votre représentation, l’assemblée départementale délibèrera sur un rapport important posant le cadre du programme des évènements du centenaire portés par le département et ses partenaires. Je veux saluer la forte implication de Jean Paul Vinchelin, délégué aux anciens combattants et au devoir de mémoire, et de nos services sans qui nous n’aurions pas aujourd’hui cette véritable programmation culturelle, scientifique, pédagogique et.
Mais pour réussir tout cela, nous aurons besoin de l’implication de tous, votre rôle est essentiel dans ce centenaire.
Je vous remercie.