A 37 ans, le premier fédéral du PS et vice-président du conseil général n’a pas la langue de bois. Ce sociologue de formation est candidat à l’investiture pour construire une ville qui « prend soin de ses habitants ».
Il a tout prévu : quelques chemises en carton étiquetées posées devant lui, qu’il n’ouvrira jamais. Des notes au cas où, rien de plus. Mathieu Klein, 37 ans, qui est sorti tard la veille d’une réunion de quartier et d’un café-citoyen, est entre deux rendez-vous. Concentré, serein, mais combatif.
Votre priorité si vous êtes élu maire de Nancy en 2014 ?
Passer de la ville de la matière grise qui se forme à celle qui investit dans l’économie locale et départementale. Nous avons l’un des ratios étudiants les plus élevés en France, il faut en faire plus pour les retenir, les fixer sur le territoire.
Le Grand Nancy y a déjà pensé…
Pas suffisamment. La question du développement économique est sous-traitée. Grenoble, Brabois et Sophia Antipolis sont nés à peu près en même temps. On sait bien que Nancy a pris du retard malgré la qualité de son université et de sa recherche. Sans parler des jeunes créateurs qui innovent.
Artem porte une partie de cette ambition…
Oui c’est bien, mais cela ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. L’idée a été lancée avant l’an 2000, elle aboutit à peine. Face à la concurrence européenne, on ne peut pas se payer le luxe d’attendre aussi longtemps. Pour faire l’École de Nancy de demain, faut-il toujours qu’un projet soit labellisé par la programmation événementielle de la Ville ou du Grand Nancy ?
L’art contemporain est l’un des axes de votre ambition culturelle. Pourquoi ?
Parce que c’est l’avenir, la créativité. Il a fallu qu’on se batte pour ne pas avoir une statue de Charles III à un million d’euros. L’art contemporain n’est pas dans le logiciel d’André Rossinot ni de son adjoint à la culture.
Vous évoquez souvent une ville qui doit prendre soin de ses habitants. Mais encore ?
La responsabilité d’un maire est décuplée, car la crise de 2008 a renvoyé les plus fragiles vers la mairie. C’est le rôle principal du maire de tisser patiemment du lien social sur son territoire. Je pense notamment aux familles monoparentales, aux couples sans enfants, aux personnes âgées, aux plus fragiles.
Une ville à vivre, jour et nuit ?
Une ville pour tous, qui n’est pas privatisée par celui qui gueule le plus fort. Nous allons créer, si nous sommes élus, un Office municipal de la sécurité et de la tranquillité publique, ouvert 7 jours sur 7 et 24 h/sur 24.
Et la police municipale, elle sert à quoi ?
Je m’engage à ce que le travail des policiers municipaux ne soit plus assigné à 90 % à la police du stationnement.
Mobilité, écologie, éco-mobilité. Où en êtes-vous ?
On va lancer la ligne 2 sans avoir de parkings relais. Nous sommes pour le tram-train, sans rupture de charge, y compris dans l’agglo. Moins de voitures et plus de modes de déplacements alternatifs. En outre, je suis pour la suspension de la poursuite des travaux sur le boulevard urbain, en attendant l’étude tram-train.
Est-ce que le président du Grand Nancy doit forcément être maire de Nancy ?
Non, demandez à Charles Choné ! En revanche que cette communauté traite aussi mal les six communes de gauche est intolérable.
On parle de primaires au PS dans les villes de plus de 100.000 habitants ? Vous vous sentez concerné ?
Dans certaines villes, comme Marseille, s’il y a plusieurs candidats à l’investiture, il pourra y avoir une primaire. Si c’était le cas à Nancy, cela ne me poserait aucun problème.
Un sondage SOFRES vous donne un certain déficit de notoriété par rapport à Laurent H…
Je vous arrête tout de suite. Je ne l’ai pas eu en main, mais je voudrais savoir qui l’a payé. Cela dit, à 59 % de taux de notoriété pour huit ans de mandat, je ne suis pas déshonoré.
Votre homosexualité assumée et votre combat depuis toujours pour la lutte contre l’homophobie ont-ils pu être mal compris dans votre parti ? Pensez-vous que votre orientation sexuelle puisse peser dans le vote des Nancéiens ?
J’ai ressenti des réserves au PS à une époque et n’en ai pas tenu compte. J’ai un compagnon, c’est ma vie privée et je précise que mon homosexualité n’est pas une revendication. J’ajoute que de mon côté, tout cela est très clair : si tout le monde pouvait en faire autant. Y compris à droite.
Qu’est-ce qui vous agace le plus chez Laurent Hénart ?
Son manque de conviction. Quand il fait beau il est de gauche, quand il pleut il est de droite. Entre les deux on ne sait pas trop. Je l’ai entendu dire : je me suis engagé en politique pour être maire de Nancy. Moi c’est pour mes convictions.
Propos recueillis par Pascal SALCIARINI
(Source : l’Est Républicain)