Vœux des élus de gauche de Nancy
Discours de Mathieu Klein
Samedi 19 janvier 2013 – Hôtel de Ville de Nancy
(seul le prononcé fait foi)
Bonjour à toutes et à tous.
Merci pour votre présence à ces vœux qui, le hasard du calendrier faisant bien les choses, se tiennent quelques heures après cette belle marche pour l’égalité dans les rues de Nancy tout à l’heure. Merci d’avoir bravé le froid et des conditions climatiques pour le moins incertaines.
Et quoi de plus normal que de célébrer l’égalité ici même, dans la maison commune des Nancéiens, qui selon une tradition républicaine bien établie, accueille les vœux de l’opposition municipale.
Ce même Hôtel de Ville qui accueillera dans quelques semaines des mariages plus nombreux, parce qu’ouverts à tous, couples de sexes différents et couples de même sexe.
Ce même Hôtel de Ville qui ne doit jamais devenir le théâtre d’un droit à plusieurs vitesses, au nom duquel certains élus pourraient décider de ne pas appliquer la loi.
Car l’égalité n’est pas à géométrie variable. Tout au contraire, elle réclame un engagement ferme, elle qui cimente notre triptyque républicain en donnant à la liberté et à la fraternité leur dimension universelle, en veillant à ce que chaque citoyen puisse tout à la fois s’en prévaloir et y contribuer.
Je veux d’ailleurs, à cet instant dédier, mes voeux à la mémoire de deux amis, deux grands républicains nancéien, Jérôme Scorin, rescapé d’Auschwitz, résistant, inlassable pédagogue de la mémoire qui nous a quitté avant hier, quelques semaines à peine après un autre grand résistant nancéien, Claude Jablon, qui fut aussi une figure de l’Association culturelle juive de Nancy, autrement dit « le 55 ».
J’ai eu le privilège de les connaître et d’observer en toutes circonstances l’humanisme, la bienveillance et l’engagement indéfectible qui étaient les leurs.
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Chers amis, 2013 sera une année exigeante, avec nous mêmes comme avec la majorité à la Ville de Nancy et au Grand Nancy.
Avec nous mêmes, car il est fini le temps des partis godillots.
Chaynesse Khirouni l’a fort bien démontré tout à l’heure, nous devons être aussi engagés pour soutenir le président de la République et l’action du gouvernement que pour défendre les valeurs qui ont conduit les Français à choisir la gauche en 2012.
C’est pourquoi, après l’hémorragie des années Sarkozy, nous avons travaillé avec nos parlementaires pour obtenir le renfort des moyens de l’Etat pour la sécurité et la justice dans le cadre de la zone de sécurité prioritaire, qui était indispensable à la bonne exécution de ces missions qui lui incombent en premier lieu.
C’est pour la même raison que lorsque la Lorraine semble devoir rester en marge du formidable effort pour l’éducation engagé par le gouvernement, nous disons que le compte n’y est pas et nous battons avec nos parlementaires pour que cela soit corrigé.
Ce qui est vrai des Français l’est encore plus des Nancéiens : en accordant 55 % de leurs suffrages à François Hollande, en choisissant avec Chaynesse Khirouni et Hervé Féron deux députés socialistes pour les représenter à l’Assemblée nationale, ils nous ont dit avec une grande clarté : nous vous attendons, nous comptons sur vous, ne nous décevez pas.
L’exigence, c’est aussi de clarifier les choix de la Ville et du Grand Nancy et surtout, de faire les bons !
En matière de sécurité et de tranquillité publique, André Rossinot nous ballade au gré de ses humeurs ou de l’air du temps : pas de création de policiers municipaux hier et 10 créations aujourd’hui, des médiateurs de nuit hier et plus de médiateurs aujourd’hui.
Il n’y a là ni boussole ni projet, le maire est dans une posture velléitaire pour ne pas laisser le terrain à son opposition à laquelle il refuse une mission d’évaluation et au gouvernement, derrière lequel il court en improvisant la création de dix postes de policiers municipaux dans le budget 2013, pour ne pas être en reste lorsque Manuel Valls classe le centre de Nancy et le Plateau de Haye en zone de sécurité prioritaire.
Si l’on observe la politique du stationnement et Bertrand Masson l’a souligné, nous sommes dans le bricolage et la contradiction.
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Les quartiers passent les uns après les autres en stationnement payant sans que quiconque puisse aujourd’hui savoir à quel plan stratégique ou même à quelle cartographie cela correspond, puisque d’anneau de desserte il n’est même plus question !
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La contradiction, car le vieil adage des promesses qui n’engagent que ceux qui les croient a été remis au goût du jour par André Rossinot : après avoir annoncé en novembre aux habitants de Mon Désert Saurupt Clémenceau une baisse du tarif du stationnement résidentiel, il fait voter en décembre par sa majorité le même tarif que l’année passée, avec un vague engagement de révision ultérieure.
Enfin, dernier exemple que je veux partager avec vous à ce chapitre, le projet de restauration et d’agrandissement du Musée Lorrain.
Je suis comme tous les Nancéiens, fier de cet emblème du passé ducal de notre ville.
Mais comme tous les Nancéiens aussi, j’ai appris à me méfier des imprudences de la gestion financière de la ville.
Je ne les engagerai pas dans un projet dont le coût est équivalent à celui du montant de la dette de la ville, au financement de surcroît incertain.
Je ne souhaite pas obérer la possibilité pour Nancy pendant 15 à 20 ans, d’initier tout autre chantier dans la culture, alors même que son projet culturel de la ville aura besoin d’être sérieusement repensé.
Il faudra remettre à plat ce dossier, réduire sa voilure tout en préservant la restauration et la mise en accessibilité indispensables du Musée Lorrain.
L’exigence, nous devons aussi et peut être surtout, nous l’appliquer à nous mêmes.
Nous devrons faire des choix clairs pour prétendre diriger Nancy dans quinze mois.
Cesser, par exemple, de se complaire dans la seule célébration du passé, en renouant au contraire avec tout ce qui fait ce lien si singulier entre les Nancéiens et l’audace sur le plan culturel et artistique.
Qu’est ce qui fait culture en effet, sinon les identités et les ressources créatrices plurielles d’une ville. Certaines hier, ont fait connaître Nancy dans le monde entier, sont inscrites dans son ADN. Leurs héritières contemporaines doivent avoir toute leur place.
Si je parle de remettre à plat le projet du Musée Lorrain, c’est notamment parce que je veux préserver des moyens, pour que Nancy se projette enfin dans l’avenir. Design, mode, image, musique, architecture, gastronomie, édition, arts du spectacle, nouveaux médias, notre ville peut devenir demain une place reconnue des industries créatives.
Inscrites dans la droite ligne de l’histoire culturelle de notre ville, de l’Ecole de Nancy à Jean Prouvé, elles font aussi écho à l’esprit que l’on a voulu recréer à travers ARTEM. Il y a ici, me semble-t-il, matière à tisser des liens avec l’histoire et le patrimoine industriels de la ville, dont Alstom est sans aucun doute un lieu parmi les plus emblématiques.
Allons chercher les compétences, invitons les à imaginer les aménagements qui feront de ce site le point de rencontre entre la recherche, la production et la culture. Nancy a beaucoup à gagner au développement de cette nouvelle économie née des synergies entre l’art, l’innovation et l’industrie.
En matière de mobilité, il ne faudra pas se contenter de dresser la liste des imperfections et des erreurs, j’en ai listé quelques unes tout à l’heure sur le volet stationnement.
Je plaiderai en faveur d’une réécriture complète du plan de déplacement urbain de l’agglomération. Il faut inverser significativement la tendance entre la place de la voiture et celle des autres modes de déplacement, au premier rang desquels les transports en communs.
Il est urgent que Nancy et l’agglomération passent un cap et s’engagent durablement en faveur du ferroviaire.
Travaux pour désengorger la gare de Nancy, renforcement de l’offre de dessertes, c’est-à-dire du nombre de haltes et des cadencements autour de l’agglomération : voilà ce qui devrait être inscrit à l’agenda des échanges entre le Grand Nancy et la Région Lorraine qui pour sa part, Patrick Hatzig ne me démentira pas, en a fait de longue date, un axe politique majeur.
L’exigence, c’est également la cohérence : il faut aller au bout des études sur le projet de tram – train, sur le renforcement de l’offre de transports en commun de banlieue à banlieue, sans qu’il soit nécessaire de transiter par l’hyper centre-ville.
Il faudra également réparer certaines erreurs du passé et de redonner de la cohérence aux déplacements urbains. La piétonisation de la Place Stanislas, faute d’avoir intégré la gestion des reports des flux de circulation sur le Faubourg des Trois Maisons comme sur les rues des Tiercelins et Saint Nicolas rend d’autant plus urgent l’achèvement de la déviation de Malzéville, promis depuis si longtemps et au point mort faute d’engagement financier du Grand Nancy.
C’est pourquoi je proposerai la suspension de la réalisation du boulevard urbain Meurthe-Canal qui, en l’état, fait l’impasse sur la recherche de solutions alternatives à la desserte de l’est de notre territoire.
Chacun de ces enjeux, j’en suis convaincu, parce qu’il croise la vie de la cité et les préoccupations quotidiennes de ses habitants peut faire l’objet de projets qui dépassent les clivages politiques.
C’est pourquoi, nous poursuivrons notre travail de propositions en conseil municipal, sans être dupes de l’écho qu’il y recevra.
Mais je n’aurai de cesse de convaincre que l’on peut gouverner autrement, en rassemblant autour de soi.
Rassembler n’a rien à voir avec le débauchage de celles et ceux en mal de postes et de récompenses.
Assujettir pour gouverner est un archaïsme dont il n’est que trop temps de se débarrasser, pour qui prétend diriger une métropole du vingt et unième siècle
C’est pourquoi nous mettrons aussi cette année à profit pour dialoguer avec les forces de la gauche, avec les écologistes, comme avec celles et ceux qui ne mettent pas nécessairement le même bulletin que moi dans l’urne à chaque scrutin, mais qui attendent un nouveau souffle pour Nancy.
Exigence du rassemblement mais aussi exigence de transparence et de clarté. Je l’évoquais à l’instant pour les choix politiques, c’est essentiel, cela vaut aussi pour les femmes et les hommes qui auront à les mettre en œuvre.
La majorité semble engluée dans des problèmes de succession, Valérie Debord en appelle à André Rossinot, Laurent Hénart piaffe en attendant son heure depuis si longtemps, Jean-François Husson ne dit mot mais …
Ne soyons pas arrogants, car nous ne sommes pas toujours exempts de reproches au rayon cuisine, mais aujourd’hui, notre force est de pouvoir opposer notre démarche transparente aux obscures combinaisons qui sont à l’oeuvre à droite.
Voilà pourquoi nous ne devons pas nous laisser distraire par le bruit du clapotis :
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que l’ordre de la liste de la majorité soit le même qu’en 2008,
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ou qu’André Rossinot soit candidat sur la liste d’une ou d’un membre de son équipe actuelle en tentant de préempter l’élection à la tête du Grand Nancy,
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ou qu’il se retire en laissant la majorité qui l’accompagne depuis trente ans et l’équipe qui l’entoure depuis près de vingt conduire leur liste :
Cela ne modifiera pas d’une virgule notre projet : nous nous déterminons par rapport à nos valeurs, pas par rapport à un système à bout de souffle, qui craquelle sous la force de ses tiraillements internes.
Ces valeurs et cet engagement pour notre ville nous animent et nous font tracer ensemble le chemin de la gauche ici depuis de nombreuses années.
Avec Nicole Creusot avec qui nous travaillons main dans la main depuis bientôt dix ans, qui a donné à l’opposition en 2008 son meilleur score municipal depuis la Libération, avec Chaynesse Khirouni bien-sûr, avec Bertrand Masson ici et au conseil régional, avec Dominique Olivier au conseil général, avec celles et ceux avec qui nous travaillons dans l’unité, et je salue Patrick Hatzig qui siège avec nous pour le Front de Gauche au conseil municipal.
Nous animons ensemble l’opposition et nous le faisons en responsabilité. C’est d’ailleurs la première fois de sa carrière de maire que cela lui arrive : André Rossinot finira son mandat sans avoir attiré dans ses filets le moindre élu d’opposition. De quoi soulager les élus de droite qui finissaient pas se demander à quelle place sur la liste ils allaient finir, compte tenu de l’empilement de transfuges recasés au fil du temps !
Ces valeurs, ces équipes, cette construction commune d’un projet pour notre ville, portons les haut parce qu’elles incarnent le nouveau visage de Nancy.
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Poursuivons et accentuons notre réflexion pour soutenir la dynamique commerciale en proximité dans chaque quartier,
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Allons au delà de la rénovation urbaine en tissant les fils de la ville pour que celles et ceux qui vivent dans les quartiers populaires se sentent pleinement et fièrement Nancéiens,
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Inventons la ville qui prend soin de chacun en travaillant sur un projet pour l’enfance et la jeunesse,
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Faisons enfin du développement économique l’enjeu numéro un d’une agglomération qui n’en exploite loin s’en faut pas toutes les ressources,
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Posons les premiers actes de la ville de la transition écologique et pas seulement énergétique,
Alors au travail en 2013 mes amis, car il y a bien un temps pour chaque chose.
Et pour moi, pour nous, l’heure est à la poursuite de la rencontre avec les habitants et les acteurs de notre ville, du travail en conseil municipal au service de la préparation de notre projet pour Nancy.
Les journées de quartiers, les cafés citoyens dans l’ensemble des quartiers de la ville sont une excellente manière d’enrichir la réflexion, d’être en prise directe avec les préoccupations quotidiennes des Nancéiens : ils vont s’amplifier et après Haussonville – Blandan – Donop, Boudonville – Scarpone – Libération, Stanislas – Meurthe et Centre Ville – Charles III, je vous donne d’ores et déjà rendez-vous le 31 janvier dans le quartier Mon Désert – Saurupt – Clémenceau. Et nous donnerons un grand rendez-vous aux Nancéiens au printemps prochain, à l’issue de ces journées de quartier, un rendez-vous avec eux mais aussi du travail pour eux.
Belle année à chacune et et chacun d’entre vous.