Apéritif de rentrée

14100357_1134252463333676_1590459050709409024_nMerci à toutes et tous pour votre participation à notre apéritif de rentrée vendredi soir à Nancy. Malgré le contexte, nous avons souhaité placer cette rentrée sous le signe de l’espoir, de l’engagement et de la solidarité.

Contre les populismes, nous ne devons pas baisser la tête. Nous devons porter avec fierté ce qui fonctionne. Nous devons bâtir une société apaisée et bienveillante.

J’ai indiqué mon soulagement après la décision du conseil d’état sur les arrêtés anti-burkini. J’ai apprécié la position de Najat Vallaud-Belkacem et de Marisol Touraine, qui ont su rappeler qu’on ne peut imposer une interdiction de ce type dans l’espace public sans qu’un trouble à l’ordre public soit effectivement caractérisé. L’extrémisme doit être combattu tout en respectant les valeurs de la République et l’Etat de droit.

Retrouvé, ci-dessous, l’intégralité de mon discours

Bonjour à toutes et tous,

Merci d’être fidèles à notre apéritif de rentrée.

Véronique Billot vient de rappeler ce que le conseil départemental et sa majorité, notre majorité de gauche, met en œuvre en faveur des Meurthe et Mosellans et des territoires où ils vivent.

Dans les moments difficiles que la France vit depuis plusieurs mois, je souhaite tenter de vous faire partager l’optimisme qui est le mien en cette rentrée pour notre pays.

Oui, l’avenir parait sombre, oui il existe beaucoup de raisons de s’inquiéter mais il existe aussi beaucoup de raisons d’espérer.

Toutes et tous, dans cette salle, nous avons choisi de nous engager, de porter nos valeurs pour transformer le réel.

Je suis heureux et soulagé de la décision du Conseil d’Etat sur le port du burkini.
Il fallait rappeler qu’en République, la liberté de choisir de croire ou de ne pas croire est fondamentale et inaliénable.
Je ne comprends pas comment, le pays qui a inventé la laïcité, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, des églises et de l’Etat, peut aujourd’hui être dans une telle incapacité d’organiser avec l’Islam une relation apaisée, sereine et républicaine, au point que tout le mois d’août s’abreuve à cette polémique.
Une polémique ridicule, au lieu de véritablement nous attaquer à ce qui doit aujourd’hui être considéré comme un sujet sérieux : la relation entre la République et les cultes qui la composent.

La question est pourtant déjà ancienne. C’est en 1989 qu’elle s’est posée pour la 1ère fois en France, à Epinal, puis au lycée de Creil, à travers les premiers cas de jeunes filles voilées dans une école publique. Ce n’est pas hier. Le contexte était différent mais les questions qui se sont posées à l’époque, se posent encore à nous aujourd’hui.

C’est désespérant de devoir aujourd’hui, dans un contexte d’attaques terroristes régulières, à travers le monde et dans notre pays, encore attendre pour poser ces questions.

Les valeurs républicaines ne vaudraient-elles que pour une partie seulement de nos compatriotes ?
Non ! Elles valent pour toutes et tous.

Le débat ne peut pas être assigné à nos seuls compatriotes de religion musulmane et circonscrit aux attaques terroristes. Ce chemin-là est un chemin que nous ne devons pas emprunter, parce qu’il est lui-même porteur de dérives, celles qui aujourd’hui font le lit de tous les populismes en France et en Europe et outre Atlantique. Parce que cette stigmatisation permanente ne répond en rien à l’enjeu fondamental du terrorisme, à l’organisation des relations entre la République et l’Islam.

Je pose la question : comment les enfants d’une maman expulsée d’une plage en raison de son voile vont-ils réagir dans 10 ou 15 ans ? Quelle image peuvent-ils avoir du pays dans lequel ils vivent, si on leur donne le sentiment que le simple fait d’être voilée nécessite la mobilisation de policiers municipaux, voire nationaux ?

J’ai ainsi particulièrement apprécié les déclarations des ministres de la Santé et de l’Education nationale, lorsqu’elles ont rappelé que nous ne pouvons pas aujourd’hui installer dans notre pays, au nom de l’ordre public, des règles qui n’ont que peu de rapport avec le maintien de l’ordre public.
Ce sont bien là nos valeurs fondamentales qui sont en jeu.

Depuis combien d’années parle-t-on de la formation des imams, des prêches en français et du financement des cultes ?
Nous avons en France, une situation un peu singulière : le statut concordataire que connaissent trois départements lorrains et alsaciens permet un pragmatisme dont on aurait bien besoin aujourd’hui pour établir sur l’ensemble du territoire national une véritable formation théologique à destination de de celles et ceux qui veulent travailler pour leur confession, pour leur foi et enfin avancer.

C’est facile de mise et de souffler sur les braises de la peur mais je suis convaincu que la très grande majorité des Françaises et Français est aujourd’hui attachée au modèle du vivre-ensemble et souhaite tourner le dos à cette excitation permanente et au rejet de l’autre.

Cette conviction, nous la voyons vivre chaque jour dans les milliers d’engagements individuels et collectifs dans notre pays, dans les engagements associatifs, syndicaux, les fonctions électives locales ou nationales. Ces femmes et ces hommes qui sont actifs au quotidien dans la société.

Ces millions d’engagements individuels et collectifs construisent notre pays. Il faut leur donner aujourd’hui un élan collectif. Pourquoi ne pas parler d’abord à ces engagements ? Pourquoi vouloir toujours parler aux peurs ? Parce que les engagements c’est ce qui sera notre réponse aux souffrances que nous connaissons.

Je ne suis pas naïf. Ce discours doit être ferme.

Je soutiens le Président de la République et le Premier Ministre dans l’action engagée face au terrorisme, à travers notamment l’augmentation des moyens de sécurisation, qu’il s’agisse des gendarmes, de la police ou de nos armées notamment pour sécuriser et permettre aux grandes manifestations d’avoir lieu.

Intégrer ce risque dans notre vie quotidienne et vivre avec lui nécessitent intransigeance à la fois avec le crime terroriste et sur les valeurs républicaines de solidarité et de fraternité.

On ne protège pas les siens sur une base de peur et de rejet. La protection essentielle, nécessaire passe aussi par le fait de se sentir bien dans son quartier, dans sa commune, dans son territoire, dans son école, son quartier, son entreprise… C’est absolument essentiel. Cet objectif d’une société bienveillante et apaisée sera au centre des enjeux en 2017.

Nicolas Sarkozy est entré en campagne avec la volonté affichée d’exploiter toutes les peurs et les angoisses, pour en faire un programme : diviser toujours et encore le peuple de France.
Tournons le dos à ces campagnes de peur, de haine et de division.

Cette société bienveillante, nous la construirons par l’engagement. Le service civique en constitue un exemple. Développons-le. Il a été inventé pour permettre de trouver des réponses pour des jeunes qui ont envie de s’engager. La Meurthe-et-Moselle est le département qui accueille le plus de jeunes engagés dans le service civique.

Pas question de baisser la tête et de se résigner à l’idée qu’une société ne pourrait être gouvernée que par celles et ceux qui veulent diviser. Et nous devons porter avec fierté ce qui fonctionne et ce qui va bien.

J’entends et je comprends les doutes, les colères, les déceptions. Mais je suis fier lorsque le gouvernement de gauche que je soutiens fait de la sécurité sociale universelle une réalité, que la lutte contre la pauvreté devienne une priorité budgétaire. Je suis fier de la Loi vieillissement, et fier de nombreuses propositions dont vous n’avez pas forcément entendu parler, je pense par exemple à la loi sur la rémunération des salariés stagiaires, portée par Chaynesse Khirouni, députée de Nancy présente parmi nous et que je salue, tout comme Jean Yves Le Déaut. Je pense à ce travail fourni pour la rémunération et la gratification des stagiaires, proposition de loi portée par Chaynesse Khirouni, qui a permis de sécuriser beaucoup d’étudiants stagiaires.

Ce n’est pas seulement une liste de mesures qui fait changer un état d’esprit, c’est ce qui les relie entre elles. Oui, notre société est en crise. Oui le pays va mal. Oui…mais il va mieux.
Les quatre dernières années ont permis de reconstruire de grands pans de notre modèle social détruit par les anciens pouvoirs de droite.

Mais il reste du travail. Je sais que la situation est difficile, mais je ne suis pas résigné à ce que le 2ème tour l’élection présidentielle de 2017 se joue entre la droite et l’extrême droite.

Il ne s’agit pas pour la gauche de réfléchir à l’après 2017. Il ne s’agit pas de préparer un congrès du PS. Il s’agit de préparer l’élection présidentielle à un moment où notre société va avoir besoin de digues très puissantes face à la vague populiste qui est en train de s’abattre partout en Europe….
Nous n’avons pas le droit de céder à la tentation d’un scénario 2017 où la gauche disparaitrait du paysage dès le premier tour ! Ce serait une faute par rapport aux valeurs fondamentales que nous défendons.
Il faudra du courage, porter des propositions, porter des mesures promises, nécessaires et encore inabouties comme le vote des étrangers aux élections locales.

Chaque citoyenne, chacun citoyen fera naturellement ce qu’elle ou il voudra.
Nous devrons nous voir souvent, pour échanger, porter ensemble les valeurs qui nous rassemblent.
Notre conviction sur nos valeurs doit être plus forte que toutes les divisions et nous devons les porter car personne ne le fera à note place, à nous élus et militants de gauche.

Merci pour votre présence et votre engagement. »