Mon intervention lors du discours du Président de la République au Conseil Départemental de Meurthe et Moselle

Jeudi 29 octobre 2015 – Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle
Allocution de Monsieur le Président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle

 

Monsieur le Président de la République

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Messieurs les Préfets,

Mesdames et messieurs les parlementaires,

Monsieur le Président du Conseil Régional de Lorraine,

Mesdames et messieurs les conseillers régionaux,

Mesdames et messieurs les conseillers départementaux,

Madame la Présidente de l’association des Maires,

Monsieur le président des Maires ruraux,

Mesdames et messieurs les Maires, représentants des intercommunalités et élus municipaux,

Monsieur le président du Grand Nancy,

Mesdames, messieurs en vos grades et qualités,

 

C’est un grand honneur de vous recevoir ici, à l’Hôtel du Département, Monsieur le Président.

Les élus locaux sont, vous le savez pour avoir été l’un des leurs, d’infatigables artisans de la République.

Comme vous, ils sont porteurs de l’intérêt général.

Comme vous, ils ont un cap à poser dans un environnement marqué par l’incertitude.

Je veux leur rendre hommage, et me réjouis que les élus de Meurthe-et-Moselle, de Lorraine et de nombreux acteurs de la société civile puissent vous entendre.

La Lorraine, un des plus vieux Etats souverains de France, est entrée avec passion en République.

Coïncidence de l’histoire : c’est dans le Lunévillois où mourrait le Roi Stanislas il y a juste 250 ans, provoquant le rattachement de la Lorraine à la France, qu’est né l’un des hommes les plus illustres de la toute nouvelle République, l’Abbé Grégoire, catholique éclairé et révolutionnaire, grand acteur de l’abolition de l’esclavage et de l’émancipation des juifs.

C’est en Lorraine que Voltaire vient se réfugier lorsqu’il a des ennuis en France pour pouvoir s’exprimer librement.

C’est ici également, il y a 150 ans, que 19 citoyens ont rédigé « l’Appel de Nancy », un plaidoyer pour la liberté locale et l’autonomie des collectivités, acte précurseur de la décentralisation.

C’est en Meurthe-et-Moselle que des universitaires, des écrivains, des industriels qui, refusant l’annexion de l’Alsace et de la Moselle en 1870, ont créé le puissant mouvement créatif de l’Ecole de Nancy.

Berceau de l’aventure européenne, alors qu’elle a subi, aux premières lignes, les combats les plus terribles que les dérives nationalistes des dix-neuvième et vingtième siècles aient produits, notre région s’est aussi forgée dans l’industrie, qu’incarnent de grands leaders syndicaux devenus également grands élus et serviteurs de l’Etat, je salue Jacques Chérèque.

Et tous ces Lorrains, venus de Belgique, d’Italie, de Pologne, d’Europe du Sud, du Maghreb, d’Afrique, qui ont trempé l’identité de notre département dans un bain culturel, l’ont enrichie et préparée à un avenir qui, j’en suis convaincu, sera à la hauteur de sa grande histoire.

Nous avons raison de croire en notre avenir.

Et c’est un Meurthe-et-Mosellan de 14 ans qui nous le dit, Eliott Sarrey, vous venez de rencontrer. Il est devenu le 22 septembre, le 1er Français lauréat du concours mondial « Google Science Fair ».

Notre avenir, ici, monsieur le Président, s’écrit en plusieurs langues.

Nous savons, nous ressentons tous qu’il est temps de substituer au pessimisme une belle et grande ambition pour les générations futures. Notre ambition, celle de tout un territoire, c’est d’élever le niveau de qualification du Grand Est pour lutter plus efficacement contre le chômage des jeunes qui recule dans notre département depuis l’année dernière.

C’est de faire des générations futures du Grand Est des générations trilingues, qui dès le plus jeune âge apprendront, en plus de leur langue maternelle, le français, la langue de leur voisin, l’allemand et la langue du monde, l’anglais.

C’est l’un des engagements de la Stratégie Allemagne de la Lorraine que j’ai la responsabilité de coordonner au nom du président Jean-Pierre Masseret.

Une stratégie au service des générations futures du Grand Est qui sauront pleinement profiter de leur position stratégique de carrefour européen Est – Ouest et Nord – Sud.

Voilà pourquoi les élus locaux se sont battus pour obtenir la Ligne Grande Vitesse Est et que les collectivités territoriales l’ont cofinancé : une première en France.

Voilà pourquoi nous plaidons pour une A31bis élargie, fluidifiée et sécurisée, pour une RN4 enfin mise à deux fois deux voies sur l’ensemble de son parcours.

Tous ces combats, monsieur le Président, sont ceux d’un Grand Est qui veut prendre toute sa place en France et en Europe.

Unir le destin de régions, cela ne peut pas être seulement un rapport de force, le plus petit annexé au plus grand, le plus pauvre au plus riche : il faut un projet commun.

L’histoire particulière de la coopération territoriale dans ce département, nourrie de convictions forgées dans le développement local, amène aujourd’hui à ouvrir un nouveau chapitre, autour des enjeux métropolitains.

Nous démontrerons ensemble que la future Métropole du Grand Nancy, préfiguration de la métropole Metz – Nancy, se bâtira dans la réciprocité et la péréquation avec les territoires ruraux.

La solidarité avec les hommes et avec les territoires, c’est le cœur de nos missions, le cœur du projet de cette assemblée.

Michel Dinet avait, le premier, alerté nos concitoyens sur le risque de délitement du pacte social républicain, dès lors que l’Etat se retirait progressivement du financement des allocations individuelles de solidarité, au premier rang desquelles, le Revenu de solidarité active (RSA).

Le système de financement actuel du RSA est à bout de souffle.

Ce n’est pas seulement la situation financière des départements qui est ici en cause, elle est difficile, nous le savons.

Le RSA est un droit social, un bouclier contre la misère. Son accès et son niveau doivent demeurer les mêmes, où que l’on vive.

Et on entend les voix qui s’élèvent aujourd’hui pour remettre cela en cause.

Son financement doit être assuré par la solidarité nationale, pour ne pas représenter un coût plus élevé pour les contribuables d’un département selon les ressources fiscales ou la situation de l’emploi de celui-ci.

C’est la solidarité des droits.

Michel Dinet a engagé la Meurthe-et-Moselle en tête du Plan de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale. J’ai proposé de prolonger cet élan en construisant un Plan de lutte contre la pauvreté des enfants, qui prévoit par exemple chaque matin un petit-déjeuner aux collégiens, en partenariat avec les agriculteurs et les artisans locaux.

C’est la solidarité des engagements.

Solidarités des droits et solidarité des engagements, sont les deux faces de la même pièce, celle du pacte social républicain dans la République décentralisée.

Les valeurs de solidarité sont aujourd’hui sur le fil du rasoir. Pas de jour sans qu’elles ne soient vilipendées, accusées d’assistanat par les uns, d’abandon des territoires ou de gabegie financière par les autres.

Ne nous y trompons pas, c’est un véritable défi qui nous est lancé.

Vouloir vivre ensemble, c’est cette affirmation que nous avons entendue lorsqu’il y a quelques mois notre pays a été meurtri, sidéré et révolté par la barbarie terroriste.

Vous nous avez aidés, monsieur le président, à relever la tête.

Nancy, ses 105 000 habitants, ont vu plus de 50 000 personnes battre son pavé le 11 janvier.

Nous nous sommes faits la promesse de ne plus laisser les valeurs républicaines être remises en cause.

Nous avons remis l’ouvrage sur le métier.

Nous sommes l’un des dix départements à participer à l’expérimentation engagée par Najat Vallaud-Belkacem pour favoriser la mixité sociale. C’est également dans cet esprit que la Meurthe-et-Moselle s’est toujours fortement impliquée avec l’éducation populaire et plus récemment avec Martin Hirsch puis François Chérèque, pour développer le service civique, deuxième collectivité française après la Ville de Paris.

Monsieur le Président de la République, la Meurthe-et-Moselle est une terre à l’histoire singulière, faite de résistance et de création, de passages et d’échanges, d’innovations territoriales et sociales, civiques et citoyennes, une terre ouverte sur l’Europe et sur le monde.

Les Meurthe-et-Mosellans sont comme tous les Français, ils veulent des résultats et du sens à l’action engagée.

Merci d’être venu vers eux aujourd’hui pour leur faire partager.