L’apéro sur un plateau

Merci à toutes et à tous pour votre participation à notre apéritif de rentrée. Cette année, la gravité se mêle à la convivialité de ce moment auquel je suis attaché.

En effet, le triste spectacle des centaines de milliers de réfugiés qui fuient leur sinistre destinée pour se heurter aux murs de l’Union européenne n’est plus supportable. Parce que nous ne pouvons plus nous résigner j’ai lancé hier, en tant que président du conseil départemental, un appel aux Meurthe-et-Mosellans proposant aux citoyens et aux familles qui le souhaitent d’accueillir un jeune migrant sans famille dans notre territoire, en leur sein. Quelle meilleure protection, quel meilleur avenir en effet que dans un foyer attentif, bienveillant et solidaire ? Qu’ils viennent aujourd’hui du Mali ou d’Albanie, demain de Syrie ou d’ailleurs, ils ont besoin comme tous les jeunes d’amour et de responsabilité autour d’eux.

Non, l’heure n’est pas à la démobilisation ou à l’autoflagellation. Les élections régionales arrivent et nous devons nous engager pour les gagner. Merci à Julien Vaillant, notre tête liste aux élections régionales, présent aux côtés des parlementaires, conseillers régionaux, départementaux, municipaux et les maires du département. Nous devons agir pour que les Meurthe-et-Mosellans et les Lorrains reconnaissent les différences entre ce que nous faisons et ce que d’autres font. En rendant lisibles nos politiques, en les expliquant, en recherchant les projets qui réduisent les inégalités et les fragilités.

Alors relevons le défi : ré-enchantons la démocratie …

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Apéritif de rentrée, samedi 5 septembre 2015
Discours de Mathieu Klein
seul le prononcé fait foi

Cher-es ami-s,

Permettez-moi tout d’abord de saluer les élus qui me font ce soir, l’amitié de leur présence : Hervé Féron et Chaynesse Khirouni, députés, Olivier Jacquin président de l’UDESR, Christophe Choserot, Hinde Magada, , Grégoire Ruhland, Marie Agnes Rouillon, Audrey Gayot, Baptiste Pavot, Bertrand Masson, conseiller régional et président du groupe d’opposition à la ville de Nancy ainsi que de nombreux élus, j’ai apperçu Chantal Finck et Marianne Birck, Julien Vaillant enfin, tête de liste meurthe-et-mosellanne aux régionales.

Véronique et moi avons l’immense plaisir de vous retrouver ce soir, pour ce traditionnel apéritif de rentrée, à l’image maintenant et j’en suis très heureux, de ce nouveau canton de Nancy 2.

Merci à Jean-Philippe Bolle et à l’équipe du Buisson Ardent de nous accueillir une nouvelle fois ici au coeur du Haut du Lièvre.
Merci à toute l’équipe des militants qui a préparé ce moment de convivialité auquel je suis particulièrement attaché.

Cette année, la gravité se mêle à la convivialité. Je suis particulièrement heureux d’être ici dans ce lieu historique de l’accueil et de la solidarité. Nous y étions déjà nombreux, le 15 juin dernier, pour fêter les cinquante ans du Buisson. Elus, responsables associatifs, représentants des cultes, tous avons célébré les valeurs républicaines, l’intégration, l’éducation populaire, l’attention à l’autre.

Le triste spectacle des centaines de milliers de réfugiés qui fuient leur sinistre destinée pour se heurter aux murs de l’Union européenne, d’un enfant qui se noie et s’échoue sur une plage à un adulte asphyxié à l’arrière d’un camion, tout cela n’est plus supportable.

Oui, je partage avec Chaynesse Khirouni, Hervé Féron et Dominique Potier qui l’ont dit dans une tribune sur Mediapart hier, l’obligation de ne plus détourner notre regard.
Et comme le 11 janvier, nous devons nous soulever pour enrayer la terrible mécanique du repli sur soi et de la peur. Nous devons battre en brèche l’idée que les Français refuseraient leur générosité à autrui. Les sondages peuvent nous mettre en alerte, mais pas nous conduire à la résignation.
Il faut s’insurger contre ces mouvements xénophobes qui monopolisent le débat et stigmatisent les différences. Ils ne sont pas la majorité, ne les laissons plus dissimuler leur intolérance derrière le faux nez du bon sens. Chacun d’entre nous a son mot à dire. Et je sais que vous n’êtes tout simplement pas d’accord.

J’ai lancé hier un appel aux Meurthe-et-Mosellans : le conseil départemental fait appel aux citoyens et aux familles pour qu’elles accueillent un jeune migrant isolé, sans famille dans notre territoire, en leur sein. C’est une obligation légale pour moi en tant que président de protéger tout jeune sans autorité parentale qui vit dans notre département. Quelle meilleure protection, quel meilleur avenir que dans un foyer attentif, bienveillant et solidaire ? Qu’ils viennent aujourd’hui du Mali ou d’Albanie, demain de Syrie ou d’ailleurs, ils ont besoin comme tous les jeunes d’amour et de responsabilité autour d’eux. Le département attend vos candidatures sur son site internet et accompagnera matériellement, socialement et au plan éducatif les jeunes et les familles citoyennes.

Mes chers amis,
La Meurthe-et-Moselle, avec votre précieux soutien, a confirmé en mars dernier son ancrage à gauche. Ce fut une campagne difficile, à l’issue de laquelle les électeurs ont renouvelé dans notre département leur confiance à la majorité départementale. Nous avons su, avec votre présence à nos côtés, retrousser nos manches et relever le défi. Avec Véronique, nous l’avons pris comme un encouragement à poursuivre notre travail.

L’heure n’est pas à la démobilisation ou à l’autoflagellation. Les élections régionales arrivent et nous devons nous engager pour les gagner. Nous engager ensemble : la gauche dans sa diversité et les écologistes. C’est une condition sine qua non de la victoire, nous pouvons en témoigner en Meurthe-et-Moselle.
S’il avait fallu prendre pour acquis les pronostics nombreux d’alternance aux élections départementales, je ne serais pas là en fonction aujourd’hui pour vous le dire avec force ! C’est à la gauche et aux écologistes derrière Jean-Pierre Masseret et Julien Vaillant en Meurthe-et-Moselle qu’il revient de fonder un projet d’avenir pour notre nouvelle région.
La droite alsacienne qui tient le haut du pavé elle, s’est perdue dans des considérations identitaires d’un autre âge, a tourné le dos aux Lorrains et aux Champardennais.
Le Front national lui n’a rien à dire à la région. Comme d’habitude il prend les scrutins locaux comme une marche supplémentaire vers l’élection présidentielle, et les rares fois où il s’aventure à faire des propositions, cela donne ces affiches sur les panneaux de ses candidats du Pays Haut aux départementales appelant les travailleurs frontaliers français à quitter leurs emplois aux Luxembourg …
Est cela le destin de la région ACAL ?
Nancy et la Meurthe-et-Moselle doivent défendre leur place et leurs atouts dans ce nouvel espace régional. Je pense en premier lieu aux fonctions stratégiques comme la santé ou l’éducation dont les directions régionales ont été confirmées à Nancy par l’Etat. Nous nous sommes mobilisés ensemble, au-delà des frontières politiques et territoriales et nous poursuivrons cette mobilisation pour permettre à Nancy de franchir l’étape métropolitaine.

Personne n’est naïf, nous savons que la bataille électorale de décembre sera rude. Que la tentation de voter pour le FN par rejet de la politique est plus grande que jamais. Je veux que, par notre action, nous redonnions sens à ce qu’est « être de gauche“. Nous devons agir pour que les Meurthe-et-Mosellans reconnaissent aisément les différences entre ce que nous faisons et ce que d’autres font. En rendant lisibles nos politiques, en les expliquant, en recherchant les projets qui réduisent les inégalités et les fragilités, comme par exemple la cantine à 1,70 pour les familles aux revenus les plus modestes ou encore le transport scolaire gratuit.

En juillet, l’assemblée départementale a validé le projet du mandat 2015-2021, qui confirme la priorité à la solidarité avec les personnes et celle avec les territoires. Nous serons là où les Meurthe-et-Mosellans, citoyens, entreprises, territoires, associations, sont le plus en difficulté.
J’ai visité avec les conseillers départementaux, de nombreux collèges cette semaine à l’occasion de la rentrée scolaire. A la fois pour voir le résultat d’une politique ambitieuse pour le service public d’éducation qu’a initiée Michel Dinet et que je poursuis sans relâche, et pour mesurer l’ampleur des chantiers en cours. Plan collèges nouvelles générations et ses 290 millions d’investissement notamment pour des collèges à énergie positive, lancement prochain du plan de lutte contre la pauvreté des enfants (priorité aussi du recteur d’académie), généralisation des circuits courts pour atteindre à terme 50 % de produits locaux dans les assiettes des collégiens, soutien à l’emploi local par le BTP, l’économie solidaire, l’insertion.

Autant d’actions concrètes et d’engagements tenus.
Pourtant je sais comme vous que cela n’y suffira pas.
La crise de la politique et la représentation est profonde. Parce que nous ne portons pas nos valeurs avec suffisamment de force et que nous semblons parfois renoncer à être fiers de ce que nous pensons et faisons, parce que la politique des petites phrases en 140 signes et des grande phrases creuses est tout bonnement sortie des écrans radar de l’écrasante majorité des citoyens, parce que la crise dure et que le chômage tarde à diminuer, parce que la perte de sens fait perdre la tête, parce que nous oublions de dire que le fondamentalisme religieux et l’extrémisme politique sont les deux faces d’une même pièce, les alliés objectifs du désenchantement et des fractures de la société.
Il n’est tout simplement pas possible de poursuivre ainsi notre petit ronron entre soi. Réactivons et redonnons du sens à la participation des citoyens sans laquelle nous risquons de faire un saut dans le vide. Notre route passe par le ré-enchantement de nos valeurs pour enfin faire de la politique autrement. Combattons celles et ceux qui divisent. Éloignons celles et ceux qui attisent la haine. Prenons les mains tendues et construisons ensemble. Allons chercher celles et ceux qui s’impliquent plus. Partageons avec eux. Ne laissons pas des pans entiers de territoires se vider de leurs emplois et de leurs services publics.

C’est d’ailleurs frappant de voir à quel point, lorsque le service civique est proposé, lorsque les acteurs de l’économie solidaire se réunissent et partagent leurs expériences, lorsque tant de jeunes cherchent à créer une activité économique certes rentable mais aussi coopérative et collective, lorsque des projets culturels autour du street art, du cirque avec les 10 ans bientôt de Michto, l’ex Aye Aye et maintenant festival du film lorrain qui se termine ce soir ou de la zombie walk, pour ne prendre que quelques exemples, ça marche ! Pourquoi ces milliers d’initiatives qui sont la signature d’un pays, d’un département et d’une ville engagés, actifs, énergiques ne se traduiraient pas dans la vie politique ?

Oui, voilà bien notre défi, ré-enchanter la démocratie …