Merci monsieur le Directeur général des services pour vos vœux. Merci pour vos propos. Merci pour le travail que vous conduisez à la tête des services du département de Meurthe-et-Moselle, celui que vous avez conduit sous la responsabilité de Michel DINET et celui que vous conduisez sous la mienne avec la même volonté de servir d’abord le public. Et à travers vous : merci à tous les agents ici présents.
Vous êtes chacune et chacun dans vos fonctions, dans vos responsabilités, dans vos parcours professionnels, dans les territoires sur lesquels vous exercez, les visages du service public. Etre un visage du service public, c’est être une parcelle du visage de la République.
Nous sommes aujourd’hui, et encore à l’heure où je m’exprime devant vous, dans un grand traumatisme. Celui bien sûr d’avoir vu lâchement assassinées 12 personnes, celles et ceux qui défendaient avec leurs plumes et leurs crayons la liberté de la presse, la liberté de penser, la liberté de s’exprimer et celles et ceux qui les défendaient. Aussi, je veux associer à cet hommage les forces de police, les policiers assassinés par les terroristes, les policiers qui probablement à l’heure où je m’exprime sont en train de livrer un assaut très dangereux pour mettre un terme à la prise d’otages et arrêter les deux terroristes qui ont plongé notre pays et le monde entier dans ce grand moment d’émotion. Eux aussi qui nous protègent sont les visages du service public et les visages de la République.
C’est cela que nous avons en partage lorsque nous exerçons la responsabilité, qu’elle soit celle, et je les salue autour de moi, de tous les élus issus du suffrage universel ou qu’elle soit la vôtre.
Avec Michel Dinet nous partagions, dans ces moments de grandes secousses démocratiques, un souci. Celui, au-delà de l’analyse d’une situation, d’essayer de comprendre toujours quelle est la part de responsabilité de chaque femme et de chaque homme dans l’état de la société ? Car finalement aujourd’hui nous sommes tous des « Charlie ». Mais le vrai défi, c’est que nous le demeurions, dans les semaines, les mois, les années à venir.
Quels enseignements aurons-nous tirés de l’état de notre pays, de notre société ?
Pouvons-nous encore assister, peut-être de façon trop indolente comme nous l’avons fait jusqu’à maintenant, à cet affadissement des valeurs de la République ? Car c’est notre ciment commun : vous avez choisi d’être des agents du service public, nous avons choisi de nous présenter devant les électeurs et solliciter leur suffrage pour défendre les valeurs de la République.
Pouvons-nous continuer à constater, de façon presque inexorable, que ce ciment commun n’est plus aujourd’hui suffisant pour que chaque femme et chaque homme qui vit dans notre pays le considère comme le point le plus important de notre « Vivre Ensemble » ?
Pouvons-nous continuer à assister de façon indolente au comptage un par un, des départs et retours des enfants du djihad?
Pouvons-nous continuer à accepter que dans notre pays, jour après jour, personne ne se sente plus autorisé à parler de l’Islam et des Musulmans dans une phrase sans que dans la phrase suivante il soit fait référence à l’islamisme et au terrorisme ?
Pouvons-nous continuer à vivre dans une société qui voit se détériorer chaque jour ses valeurs fondamentales, celles, encore une fois, que chacun à sa place, chacun dans sa responsabilité, nous devons défendre ?
Je pense que si nous voulons rester des « Charlie », demain, après-demain, la semaine suivante, le mois suivant, l’année suivante et bien, nous devons aujourd’hui prendre la mesure de cette situation. J’en veux beaucoup à celles et ceux qui aujourd’hui se croient autorisés à tirer sur des mosquées pour répondre aux terroristes. J’en veux beaucoup à ces fanatiques qui aujourd’hui se croient autorisés au nom de leur religion, alors qu’ils sont les premiers à la bafouer, à assassiner ceux qui pensent librement. Je suis meurtri que dans mon pays aujourd’hui on produise des « Mohamed Merah » qui imaginent pouvoir aller assassiner des enfants au prétexte de leur confession.
Mais nous n’allons pas égrainer à l’infini et continuer à regarder autour de nous tomber les femmes, les hommes et les enfants. Quelle est la responsabilité qui est la nôtre aujourd’hui ? Chacun, de ce point de vue-là, peut voir midi à sa porte. Je ne veux pas être de ceux qui seront toujours à renvoyer la responsabilité à l’autre, à la justice qui doit faire son travail et qui doit avoir les moyens de le faire, aux forces de police, à l’Etat, à l’Europe, au monde, aux religions.
Chacun a sa part de responsabilité. Nous aussi. Nous, nous avons en charge une partie de l’éducation de nos enfants. Probablement… probablement qu’une partie de la réponse se situe bien au niveau des valeurs éducatives. J’ai entendu ce matin sur une radio publique, comme certains d’entre vous peut-être, cette enseignante de Reims qui témoignait de la discussion qu’elle avait eue hier avec ses élèves à qui elle montrait des caricatures et qui pour certains lui ont dit leur incompréhension qu’on puisse s’attaquer à la religion. Elle disait avec beaucoup d’insistance : « J’ai été obligée de parler avec eux longtemps pour leur faire comprendre que ce n’était pas les Musulmans qui étaient mis en cause, mais les islamistes, que ce n’était pas ceux qui avaient la foi qui étaient en cause mais tous ceux qui utilisent leur foi pour imposer un ordre public.» Alors oui, le travail éducatif passe bien par tous ces chemins, mais ce n’est pas la seule responsabilité de l’Education nationale.
C’est pourquoi je veux que nous réfléchissions, dans les semaines qui viennent, à la manière de mobiliser nos outils pour continuer à construire ce bien commun qu’est la République. Nous accueillons de nombreux jeunes en Service civique dans ce département. Nous pouvons être fiers d’être un des départements qui a eu tôt fait de dire à l’Etat « oui ». Entre la fin de ses études ou au moment d’une réorientation et la recherche d’un travail, le Service civique est aujourd’hui pour un jeune un moyen de donner six mois à un projet d’intérêt général.
Probablement que nous devrions étendre aujourd’hui ce travail, parce que finalement, ce qui nous manque le plus dans ce pays aujourd’hui, parmi toutes les difficultés que nous rencontrons, ce sont ces moments où, de façon presque obligatoire, nous nous regroupons. On peut comprendre pourquoi le service militaire a été supprimé en France, mais c’est le moment de se réinterroger aussi sur l’enjeu du service national, sur l’enjeu de ce moment de la vie de chaque citoyen, ce moment où on se retrouve, où on se regroupe, ce moment où on est au service d’une cause qui est plus grande que son propre destin. C’est pourquoi, même si le service civique n’a rien d’obligatoire évidemment et nous ne le rendrons pas obligatoire, je pense qu’à travers son développement, à travers l’accueil toujours plus nombreux de jeunes en service volontaire européen, à travers la mobilisation sans faille de l’éducation populaire, aujourd’hui autour de la question de l’apprentissage de la citoyenneté, nous devons démultiplier nos efforts.
Nous devons être d’une intransigeance qui n’autorise plus aujourd’hui les silences coupables lorsqu’on veut pointer du doigt nos concitoyens en raison de leur confession, de leur croyance. Nous devons être au four et au moulin. Nous devons être dans la prévention et nous devons être dans la condamnation, nous devons mobiliser les outils de nos politiques publiques et nous devons parler plus fort. C’est à ces conditions-là que nous resterons des « Charlie ».
Oui, en Meurthe-et-Moselle nous partageons complétement aujourd’hui, les sentiments de deuil, de sidération, d’abattement. Comme nos concitoyens nous disons oui à ce discours, à ces idées qui valent aussi bien d’un territoire à l’autre parce que nous sommes en République.
Mais finalement quand on y réfléchit, notre département a une histoire singulière, il est modelé par la guerre entre les hommes guidés par la volonté de domination. La Meurthe-et-Moselle d’aujourd’hui ne serait pas ce qu’elle est si Bismarck, si le Reich à la fin du XIXe siècle n’avaient pas voulu étendre à toute l’Europe leur volonté de domination en annexant l’Alsace et la Moselle. Nous sommes cette frontière de la France qui a accueilli en son sein, sur son territoire et sur ses terres ces milliers de femmes et d’hommes qui ont fui l’annexion et la domination et qui ont pu à Nancy et en Meurthe-et-Moselle inventer l’Ecole de Nancy, qui ont pu être le berceau de l’enseignement supérieur, de l’Université, qui ont pu construire cet idéal qu’ils ne voulaient pas abandonner en acceptant l’annexion.
Nous ne sommes pas un département comme un autre, parce que ce n’est pas seulement l’histoire de la Révolution française et du découpage administratif de la France qui fait la Meurthe-et-Moselle. C’est aussi une histoire beaucoup plus récente, l’histoire de la guerre, l’histoire de la domination, l’histoire de l’impérialisme, l’histoire de la construction européenne.
C’est pourquoi nous ne pouvons pas nous comporter comme si nous étions n’importe où. Nous sommes un département qui a connu le doyen Parisot, l’Office d’hygiène sociale bien avant que l’action sociale départementale soit instituée, les assurances sociales bien avant le Conseil National de la Résistance, la prévention, l’appréhension globale de la santé non pas seulement comme une question d’état physique mais bien comme une question sociale et de société bien avant la fondation de l’O.M.S.* à laquelle le doyen Parisot a pris part. Nous sommes dans le département de l’Ecole de Nancy, nous sommes dans le département qui a connu l’abbé Pierre comme député, qui a connu Jean Prouvé à la Libération comme premier maire de Nancy, nous sommes un département qui a construit son histoire industrielle, ouvrière sur la base de l’accueil de populations venues de toute l’Europe, du monde entier.
Ni la France, ni la Lorraine, ni la Meurthe-et-Moselle ne seraient ce qu’elles sont aujourd’hui si nous n’avions pas été capables de montrer que la République se construit d’abord en accueillant. Non, ce n’est pas simple, ça n’a jamais été simple. Pour les Italiens et les Polonais du début du XXe siècle. Pour les Marocains, les Algériens, les Ukrainiens d’aujourd’hui. Et cela ne sera jamais simple, parce que ce n’est pas avec des mots naïfs que l’on crée les conditions du « Vivre Ensemble ».
Ce n’est pas avec quelques incantations généreuses que l’on construit la République. C’est une action de tous les instants et je veux en revenir à ce qui est votre action et notre action, au rôle fondamental que vous jouez en tant qu’agent du service public. Combien dans les centres médico-sociaux, combien dans les collèges accueillez-vous chaque jour de personnes qui vous tiennent des discours de désespoir, que vous sentez meurtries par l’impuissance à laquelle parfois nous sommes confrontés quant à leur situation, par l’incapacité d’aller au bout de la réponse, de les accompagner sur le chemin de l’autonomie, de l’emploi, du logement, de la santé, de l’éducation et qui en veulent aujourd’hui à la puissance publique, aux puissances publiques ? Et je pourrais étendre mon raisonnement aux territoires. Combien de celles et ceux qui travaillent sur nos routes départementales, sur les infrastructures, dans les territoires de Meurthe-et-Moselle qui rencontrent des élus locaux, des conseillers municipaux qui leur disent leur impatience pour que cela aille plus vite, qui leur disent ne pas comprendre pourquoi on ne s’intéresse pas assez à leur village, à leur commune, là où ils sont et là où ils travaillent chaque jour ? Ils ont le sentiment que finalement le monde avance et pas eux parce qu’on ne les accompagne pas, on ne leur donne pas les moyens. Vous êtes en première ligne de cet état d’exaspération, de souffrance, de révolte.
On peut se contenter d’acquiescer, de dire c’est comme ça, c’est ainsi que marche la société aujourd’hui, constater finalement l’impuissance parce qu’on ne peut plus rien faire, qu’on a tout essayé, que le monde est ce qu’il est. Mais c’est exactement l’inverse de cette histoire dont nous sommes porteurs et l’inverse de la réalité même de votre action quotidienne. Vous agissez, nous agissons pour ne pas être impuissants.
Parfois nous sommes en désaccord, parfois nous pouvons ne pas nous comprendre. Vous ne comprenez pas pourquoi nous prenons telle décision ou moi je ne comprends pas pourquoi vous adoptez telle attitude. Cela peut arriver, cela arrivera encore mais quand on se bat pour la liberté d’expression, on en assume toutes les facettes. C’est un combat qui ne s’arrête jamais. Et ce qui est certain, c’est qu’en tant qu’agents du service public départemental et nous-mêmes en tant qu’élus départementaux, municipaux – il y a beaucoup de maires, de conseillers régionaux ou de parlementaires autour de moi – et bien nous avons le devoir aujourd’hui de montrer que non, le chemin n’est pas terminé et que nous allons inventer toujours et encore de nouveaux moyens d’actions.
Quand nous accélérons le Plan Collèges Nouvelles Générations, quand nous lui donnons aujourd’hui sa dimension nouvelle de transition écologique, quand je propose à l’Assemblée départementale d’adopter un plan pluriannuel d’investissement pour l’Aide sociale à l’enfance, lorsque je veux renforcer les investissements sur les infrastructures routières dès 2015, je ne vais pas égrainer ici une longue liste à la Prévert, c’est dans cette volonté de trouver des nouvelles réponses parce que l’emploi c’est la priorité numéro 1, que l’éducation c’est la priorité numéro 1 et que pour chacun d’entre vous, dans vos familles, parmi vos amis, dans toutes vos connaissances vous savez aujourd’hui que l’accès à l’emploi est certainement la réalité la plus violente pour celles et ceux qui en sont éloignés et qui n’y ont pas accès.
Se mobiliser dans ce sens-là, c’est donner du sens aussi à notre action, donner du sens à l’idée que l’on se fait de ce que doit être le service public. Ce service public ne saurait être figé, parce que si les services publics étaient uniquement un lieu de défense, un lieu où l’on se regroupe pour protéger une institution et bien, finalement, nous passerions largement à côté des enjeux d’aujourd’hui.
Au contraire, je veux défendre avec vous cette idée d’un service public qui s’intéresse plus à ses missions qu’à ses appareils. C’est la raison pour laquelle – et Denis Vallance l’a évoqué tout à l’heure – j’ai voulu accélérer ce travail de lien avec les départements voisins qui se poursuivra, j’ai voulu accélérer le travail avec la ville de Nancy et le Grand Nancy car il faut savoir dépasser à certains moments les débats politiques et se concentrer sur l’essentiel. C’est aussi la raison pour laquelle je veux me battre dans cette nouvelle région qui est la nôtre aujourd’hui, la région Alsace – Lorraine – Champagne – Ardennes, pour que la Meurthe-et-Moselle joue toute sa place. Il n’y aura qu’une capitale et j’ai défendu de bonne heure que ce soit Strasbourg, mais il n’y aura pas qu’un seul espace de décision. Je pense que nous avons en Meurthe-et-Moselle une légitimité particulière à défendre, c’est l’éducation. Nous accueillons l’Université de Lorraine, nous sommes aujourd’hui le siège du rectorat, nous sommes un département ambitieux en matière éducative. Je pense que si nous voulons répartir intelligemment les différentes fonctions dans cette nouvelle région, et bien il faut que nous jouions chacun notre rôle et je pense que notre rôle est autour de l’éducation, de la recherche et de l’enseignement supérieur. Là est peut-être la vocation de notre territoire dans la nouvelle région.
Je ne veux pas craindre les débats qui viennent, nous devons être au rendez-vous de la construction métropolitaine de la Meurthe-et-Moselle, parce que l’avenir est aussi à soutenir cette forme de structuration des territoires pour être toujours dans la création de richesses, l’innovation et, in fine, la création d’emplois. Mais nous avons une responsabilité majeure ; vous avez une responsabilité majeure : faire la démonstration qu’on ne construit pas une métropole en laissant sur le chemin les territoires qui ne sont pas métropolitains. Nous avons la responsabilité, et elle est essentielle par rapport à tous les points évoqués jusque-là, de garantir à celles et ceux dans le Lunévillois, dans le Toulois, dans le pays de Briey, dans le Val de Lorraine, à Longwy, dans le Longuyonnais, tous ceux qui vivent éloignés des grandes villes et qui n’ont pas vocation à s’y installer, de pouvoir se déplacer, de pouvoir bénéficier de services, de services publics, de services de proximité. Car on a le droit de choisir là où l’on veut vivre. Et même lorsque l’on choisit de s’installer dans un territoire éloigné d’une ville, on a le droit de pouvoir y vivre dignement.
Personnellement je ne défends pas l’idée d’un pays ou un continent qui, demain, ne donnerait de services qu’à celles et ceux qui sont dans les villes-centres. Je le dis en tant que Nancéien parce qu’une ville ne se développe pas si les territoires qui en sont éloignés arrêtent de se développer. La responsabilité particulière d’un département et particulièrement en Meurthe-et-Moselle, c’est d’être le trait d’union entre ces territoires. Nous sommes responsables de la péréquation, nous sommes responsables d’être plus présents là où il y a moins de richesses qui se créent, parce que si nous ne le faisons pas, personne ne le fait et personne ne le fera. Cette responsabilité incombe aujourd’hui au conseil général de Meurthe-et-Moselle et elle continuera à incomber demain au conseil général, y compris dans la construction métropolitaine de Nancy et de Metz. Nous devons continuer à défendre cette idée-là du territoire, c’est la raison pour laquelle j’ai dit aux maires de Meurthe-et-Moselle présents ici pour la traditionnelle réunion annuelle des maires quelques jours avant les fêtes, que nous continuerons, durant le prochain mandat, à accompagner les territoires, les communes et les intercommunalités à travers les contrats territoriaux de développement durable.
Je veux aussi que nous ne perdions pas de vue que nous sommes une grande région européenne. Et la construction européenne, elle aussi, s’est faite d’abord pour tourner le dos à la guerre. Pour autant, cela ne suffit plus aujourd’hui. Ce n’est plus un ciment suffisant de dire « non à la guerre » pour générer l’adhésion à l’Europe. Il faut aller plus loin. Mais aller plus loin, ça n’est pas seulement – là non plus – renvoyer à d’autres la responsabilité d’être plus efficaces.
Nous sommes dès aujourd’hui, lorsque nous vivons en Meurthe-et-Moselle, au cœur de la plus grande région transfrontalière européenne ; cette Grande région Lorraine / Sarre / Rhénanie-Palatinat / Luxembourg / Wallonie / communauté germanophone de Belgique / communauté francophone de Belgique. C’est la première grande région transfrontalière de toute l’Union Européenne, celle qui, avec ses 220.000 travailleurs qui chaque jour passent d’une frontière à l’autre pour aller de leur domicile à leur travail, connaît la plus grande mobilité transfrontalière entre le domicile et le travail. Nous n’en profitons pas assez car aujourd’hui nous ne sommes pas suffisamment acteurs de cette Grande Région. Et pourtant, lorsqu’on se bat pour la création d’emplois, nous savons que les ressources ne sont pas seulement implantées dans le territoire national mais bien dans le territoire européen. C’est le sens du travail que j’ai voulu engager, notamment en construisant une stratégie Allemagne de toute la Lorraine et demain de toute la nouvelle région, pour que nous puissions raisonner culturellement à l’échelle de cette « région – bassin de vie », pour que nous puissions penser l’accès à l’université, à l’école, à la culture, à l’emploi, non pas seulement à l’intérieur de nos frontières départementales, régionales ou nationales, mais à l’intérieur d’un espace européen qui ne doit pas être un espace technocratique mais un véritable espace partagé par ses habitants. C’est aussi une des conditions du redressement et du développement de notre département.
Je crois que rien de tout cela ne se fera, évidemment, s’il n’y a pas cette volonté partagée entre les agents et les élus, en respectant les points de vue, les différences d’opinions, les confrontations, parfois les agacements, mais aussi beaucoup les compréhensions et les envies de construire ensemble qui sont le fruit de ce département. Michel Dinet a, pendant 16 ans, construit l’idée qu’on ne faisait rien seul, construit l’idée qu’on n’imposait pas par le haut mais qu’on construisait avec. Cette culture démocratique là, est essentielle. Elle est notre bien commun, notre héritage commun.
C’est la raison pour laquelle j’ai remercié – je veux le faire à nouveau aujourd’hui – tous les conseillers généraux, pour nous avoir permis, dans ce moment de deuil violent, en mars 2014, de passer le cap et de poursuivre le travail. Remercier aussi bien la majorité que les conseillers généraux d’opposition derrière Michel Marchal, pour la stabilité que cette institution a connue à un moment où elle aurait pu – parce que, finalement, toutes les conditions étaient réunies – se déchirer, se diviser, se perdre dans des débats qui n’auraient pas été dignes du moment que nous avons traversé.
C’est la raison pour laquelle je suis serein pour aborder cette année 2015. Serein, non pas parce que je lis dans le marc de café et que je connais déjà le résultat des prochaines élections départementales, mais serein parce que je sais que nous conduirons les uns et les autres, chacun à sa place – ceux qui ne se représentent pas comme ceux qui se représentent, les nouveaux candidats, ceux de la majorité et ceux de l’opposition – une campagne digne, à la hauteur de cette histoire, de cette réalité de la Meurthe-et-Moselle. Digne : projet contre projet.
Je serai au rendez-vous pour défendre nos idées. D’autres seront au rendez-vous pour défendre les leurs. Les 22 et 29 mars, vous – en tant que citoyens – choisirez vos conseillers départementaux, et nous engagerons un mandat de six ans, quel que soit le résultat des élections départementales. En 2015, notre département doit rester à la hauteur de l’histoire exemplaire qui est la sienne. Il doit surtout affronter les défis qu’on nous jette à la figure – comme ceux que nous connaissons depuis deux jours – et les défis que nous choisissons de relever – comme ceux que j’ai évoqués – avec la même audace, la même détermination, la même envie de construire.
Soyez assurés que nous resterons déterminés, engagés, que nous ne lâcherons rien, que nous resterons à vos côtés dans ces combats. Et je veux bien sûr vous souhaiter – parce que pour être engagé, pour combattre, il vaut mieux le faire en étant heureux ; et être heureux, c’est être bien entouré – de passer des moments privés, familiaux, amicaux, heureux et épanouissants. C’est cela que je vous souhaite, à chacune et à chacun d’entre vous, pour cette année.
Merci et belle année à toutes et tous.
* Organisation mondiale de la santé