L’apéro sur un plateau…

Apéritif de rentrée de Mathieu Klein
Samedi 06 septembre 2014, Haut du Lièvre, Nancy

(seul le prononcé fait foi)

Mesdames, messieurs,
Cher-e-s ami-e-s,

Je suis très heureux de vous retrouver ce matin et de vous accueillir ici, au Haut du Lièvre, au coeur d’un quartier qui m’est cher, auprès d’habitants, d’amis, d’associations dont je suis le conseiller général depuis plus de dix ans et auprès de qui je puise une grande part de l’énergie que je consacre aux engagements et aux responsabilités que j’exerce.

Etre élu du Haut du Lièvre, c’est une fierté. C’est surtout le meilleur antidote à toutes les formes de renoncement. A celles et ceux qui auraient un coup de blues, je suggère d’aller pousser la porte du Buisson Ardent qui nous accueille aujourd’hui, d’écouter les fortes voix de RCN, de rencontrer les équipes pédagogiques des écoles maternelles et primaires du quartier, du collège Claude le Lorrain, de rencontrer les Gazelles à ASAE-Francas, les habitants qui animent le bus du Ptit Plato, de voir le travail colossal abattu chaque jour par la MJC, la Clairière ou du club des anciens.

En cette rentrée 2014, la soif de justice sociale doit rester notre carburant. Nous ne sommes pas élus pour commenter mais pour agir.
C’est cet optimisme de l’action que je veux partager avec vous aujourd’hui. Chacun doit agir sur le réel à son niveau, par tous les leviers dont il dispose.

Cette aspiration est d’autant plus forte à l’heure où nos concitoyens sont de plus en plus nombreux à douter de la capacité des pouvoirs publics à améliorer leur quotidien et à se tourner vers l’impasse du populisme de l’extrême – droite. Il n’existe aucune baguette magique et encore moins de responsabilité exclusive à cette déliquescence démocratique. Chacun d’entre nous doit constituer un rempart efficace, dès lors que nos politiques répondent aux besoins des habitants. Ne nous payons plus de mots : agiter l’épouvantail de l’extrême-droite ou de l’abstention n’est d’aucune utilité, c’est même l’inverse. Lutter contre le déclassement des hommes comme des territoires et favoriser la dignité de toutes les conditions sociales doit guider notre action politique à tous les étages de la vie publique. Nos concitoyens n’attendent pas de nous une leçon morale pour redonner du crédit à nos valeurs, ils attendent que nous soyons à leurs côtés, efficacement et concrètement, pour retrouver confiance dans l’action politique.
Je n’oublie jamais que c’est ici qu’est née l’idée de rendre la cantine des collèges de Meurthe-et-Moselle plus accessibles aux enfants des familles qui ont le moins de revenus, avec le repas à 1,70 €. Je l’ai proposée à Michel Dinet, à qui je pense tout particulièrement ce matin, puis la majorité de gauche du département l’a soutenue. C’est par l’action publique, celle du conseil général en l’occurrence, que le nombre de demi pensionnaires au collège du quartier a plus que doublé depuis quatre ans.

Depuis un peu plus de quatre mois à la tête du département, je mesure avec encore plus d’acuité combien ma génération a le devoir d’écrire une nouvelle page de la vie démocratique de notre pays, de réconcilier les citoyens avec la politique.
Le monde ne se structure plus exclusivement autour de quelques grandes idéologies. Faute d’avoir intégré cette donnée et d’avoir sur faire évoluer notre logiciel, nous finissons par nous parler davantage à nous-mêmes qu’aux Français.
Etre socialiste pour moi, c’est agir pour l’émancipation, la justice et l’égalité. Comme le disait Jean Jaurès, « c’est par l’incessant effort de justice sociale que nous établirons enfin l’ordre vrai et profond dans la société inquiète et tourmentée ». Ce qui était vrai au début du 20ème siècle le demeure au début du 21ème. Ce sont les outils pour y parvenir qui ont changé et nous peinons parfois à les saisir. Il y a urgence : chacun à notre place nous avons ainsi, aujourd’hui, le devoir de sortir de notre jus, de laisser nos habitudes au placard, de retrousser nos manches, de renouer avec l’audace, l’exigence et d’oser.

Toute la campagne que nous avons conduite pendant dix huit mois à Nancy était articulée autour du développement économique, de la transition écologique et du vivre ensemble en toute sécurité. Toute notre stratégie était celle du rassemblement au delà du PS, au delà de la gauche. De l’ouverture aux acteurs de la société civile. La campagne terminée, la vie continuerait comme avant ? C’est tout le contraire. Je n’ai pas l’intention d’ouvrir la campagne de 2020 et j’ai choisi de ne pas confondre la responsabilité de l’opposition à Nancy et de l’exécutif en Meurthe-et-Moselle.
Mais je suis convaincu que nous devons amplifier le mouvement qui est né durant la campagne municipale, l’ouvrir à tous les Nancéiens qui ne se résigneront pas à voir leur ville éternellement dans les mêmes mains, même à ceux qui tout en le pensant ont fini par préférer envoyer un message au président de la République en ne votant pas lors des municipales.

Je veux saluer le travail des conseillers municipaux du groupe Nancy Ville Meilleure, autour de Bertrand Masson. Je pense notamment à celles et ceux qui ont entamé leur premier mandat et ont découvert l’aridité du travail d’opposant. Vous voyez qu’au fil des délibérations du conseil municipal et du conseil communautaire, les propositions que nous avons portées durant la campagne sont plus que jamais d’actualité. C’est maintenant qu’il faut mettre le Nancy Business Act en oeuvre, car c’est maintenant que les entreprises ont besoin d’un carnet de commandes rempli pour embaucher et développer leurs activités.

Pour ma part, j’ai fait le choix de l’action.

Lorsque je rencontre les responsables du BTP de Meurthe-et-Moselle, des PME et TPE du bâtiment au gré des chantiers que je visite, je mesure l’enjeu de la commande publique. C’est pourquoi je veux confirmer et accélérer le plan Collèges nouvelles générations mis en œuvre par le conseil général et son enveloppe de 270 millions d’euros. Combien d’emplois ainsi sauvés, maintenus ou parfois même créés dans notre département ?
N’oublions jamais que les collectivités génèrent plus de 70 % de l’investissement public. Et si chacun, collectivités locales inclues donc, doit contribuer à l’effort de redressement des comptes publics, attention à ne pas nous tirer une balle dans le pied en leur retirant une partie de leur pouvoir d’effet levier sur le dynamisme de l’économie locale et donc de l’emploi car personne ne mise, dans le contexte actuel, sur les créations d’emploi dans le secteur public pour infléchir significativement la courbe du chômage.
C’est aussi pourquoi, avec une quarantaine d’autres présidents de conseils généraux, j’ai écrit cet été au premier ministre pour l’alerter d’un impact trop violent et contre productif pour l’investissement de la baisse des dotations de l’Etat aux collectivités.

Dans le même esprit, j’ai fait le choix de renforcer nos liens avec les autres collectivités, de la Ville de Nancy au Grand Nancy, des conseils généraux des Vosges, de la Meuse et de la Moselle à la Région Lorraine. Quels que soient les contours finaux de la réforme territoriale, c’est en travaillant mieux ensemble que nous rendrons un service public plus efficace et moins couteux. Enfin, je souhaite que notre position de région frontalière soit mieux utilisée au service de l’emploi notamment, c’est le sens du travail engagé avec la Rhénanie Palatinat et la Sarre, dont j’accueillerai la ministre présidente à Nancy à la fin du mois pour présenter la « Stratégie France » du Land de Sarre aux acteurs économiques du département. Les Allemands ont des problèmes démographiques et les Français des problèmes d’emploi. S’il n’y a aucune formule miraculeuse, il existe d’immenses marges de progrès pour mieux coopérer au service des habitants de nos deux pays.

Ni frondeur, ni social-libéral. Je me sens le devoir qui est celui de chaque socialiste : être à la hauteur de l’espérance qui est celle que la gauche incarne lorsqu’elle se présente devant les citoyens.
Continuons dans la clarté et la franchise : volonté de succès ne signifie pas pour autant éteignoir sur les débats.
Nous nous engageons avant tout pour défendre nos valeurs. Quand Martine Aubry demande au gouvernement de ne pas enterrer trop vite l’encadrement des loyers car elle en a besoin à Lille et que le premier ministre lui répond favorablement, je considère que c’est un dialogue utile au service des engagements pris par François Hollande devant les Français.
Réussite signifie aussi unité et responsabilité. Je sais qu’elle nous anime tous. C’est au nom de cette responsabilité que je souhaite que tous les députés de la majorités votent la confiance au gouvernement de Manuel Valls le 16 septembre.

Une fois cette confiance obtenue, il faut poursuivre la réalisation des soixante engagements. Un me tient particulièrement à coeur, le droit de vote des étrangers aux élections locales.
Il n’est plus acceptable de nous abriter derrière un prétexte constitutionnel pour renoncer, repousser la mise en place de ce droit.
Restons fidèles à ce que nous sommes : dès lors que l’on prétend exercer des responsabilités, il faut en accepter les contraintes et les exigences, construire les compromis nécessaires pour mettre en oeuvre nos engagements. Les seuls combats que l’on perd sont ceux que l’on ne mène pas.

Et pour rester fidèle là aussi à un auteur qui m’a beaucoup inspiré durant cette belle campagne municipale, je conclus avec Marc Twain : « Dans 20 ans, vous serez plus déçu par les choses que vous n’avez pas faîtes que par celles que vous avez faites. Alors sortez des sentiers battus ».