« Je souhaite une campagne sereine, constructive, projet contre projet. » (La Semaine)

Retrouvez ci-dessous une interview donnée à l’hebdomadaire La Semaine il y a maintenant quelques jours.

Par Pierre TARIBO • Journaliste de La Semaine •

Après la fin du vrai-faux suspens qui laisse la voie libre à Laurent Hénart, Mathieu Klein ne change pas de méthode.

Après la fin du vrai-faux suspens qui laisse la voie libre à Laurent Hénart, Mathieu Klein ne change pas de méthode. Appuyé sur ses convictions, ses idées et sa manière de comprendre la société, il est déjà dans la compétition et dit ne pas se soucier de la manière dont le camp adverse a désigné son champion. Sauf qu’en même temps qu’il porte son message, il lance quelques flèches en direction de son rival. En même temps, il distribue des parcelles de sa personnalité. Paroles d’un candidat au tempérament de conquérant.

Quel est le projet ?

Même si ce n’est pas une grande surprise, l’annonce de la candidature de Laurent Hénart change-t-elle quelque chose pour vous ?

« Non. Je ne me détermine pas en fonction de mes adversaires ; dès septembre, sans attendre l’autorisation de quiconque, j’ai déclaré ma candidature en indiquant quelles étaient mes priorités pour Nancy et une feuille de route pour les mois qui suivaient. Ce faux suspense à droite est l’énième signe d’une pratique du pouvoir absolument désuète. Tout est concentré autour d’un seul homme, d’une seule équipe. C’est tout l’inverse d’une cité du 21e siècle qui doit être gouvernée avec ambition, de façon ouverte et non en vase clos, en confiance avec ses habitants et les acteurs locaux. Du reste, je n’ai pour l’heure pas entendu le début d’une orientation ou d’un projet, nous n’avons assisté qu’à une valse hésitation de leadership qui se termine en quais statut-quo. Quel est le projet de Laurent Hénart et André Rossinot après 30 ans de mandat ? Nul ne le sait. »

Quelle vision avez-vous des cinq mandats d’André Rossinot ?

« Du côté des points positifs, des réalisations marquantes comme les travaux d’endiguement de la Meurthe, la piétonisation de la place Stanislas, la rénovation du Plateau de Haye, qui reste toutefois inachevée, doivent être citées. Du côté des échecs, Nancy ne s’est pas préparée à l’arrivée du TGV et, d’une place Thiers à peine en chantier en 2013 à une place de la République peu heureuse en passant par les retards annoncés du Centre Prouvé, cela signe l’absence de vision du développement économique de Nancy et du Grand Nancy, pour ne pas dire un manque d’intérêt de cet enjeu. Je veux également souligner l’accumulation d’erreurs sur le transport et les déplacements, le virage manqué des enjeux écologiques, que ne fera pas oublier la manie de tout repeindre en vert qui marque les politiques nancéiennes depuis trois ans, l’absence d’une véritable politique locale de sécurité. Enfin, il y a un indéniable manque d’audace, lorsqu’on voit le refus de Nancy d’accueillir la décentralisation de Pompidou ou dans un autre registre les occasions manquées avec le quartier des Rives de Meurthe.
Son astuce politique lui a souvent permis de picorer à gauche et de favoriser la division de l’opposition, qui sont avec l’abstention trois facteurs clés de sa longévité. Mais ce temps est révolu, ce cinquième mandat de maire est ausvsi le premier à l’issue duquel il n’aura pas réussi à diviser la gauche et débaucher des élus d’opposition. »

Je me détermine en fonction de mes valeurs

Le 2 juin vous lancez Nancy In Situ, à présent que les choses sont claires dans l’autre camp qu’allez- vous dire ? Quels seront les angles de votre discours et sa tonalité ?

« Votre question induit que parce que la droite a choisi son dispositif, je devrais adapter mon discours… Je répète et je confirme que je me détermine en fonction de mes valeurs et que cela ne modifiera pas d’une virgule notre projet. Le 2 juin est une étape pour que tous les nancéiens qui souhaitent ouvrir une nouvelle page de l’histoire de notre ville, bien au-delà des clivages partisans, puissent prendre part à la construction du programme de la liste que je conduirai. Je souhaite être le maire d’une ville qui prend soin de ses habitants, qui leur assure protection, qui veille équitablement au bien être dans chaque quartier de sa ville. C’est d’autant plus important que cette élection municipale se déroulera au cœur d’une crise profonde, économique autant que morale. Si personne ne prétendra que le maire peut inverser la courbe du chômage et de la précarité, il a pour autant devoir de se mobiliser comme jamais pour participer au redressement du pays, pour être aux côtés des habitants et particulièrement des plus fragiles.
Je souhaite que Nancy soit la ville de la transition écologique. Nous devrons franchir une étape importante en matière de déplacements, pour installer durablement la nature dans la ville, pour renouer vraiment avec l’eau, pour innover en matière de logement nouvelle génération. »

Je souhaite une campagne sereine

Même génération, même ambition, comment voyez-vous la campagne ?

« Je souhaite une campagne sereine, constructive, projet contre projet. C’est une élection déterminante, qui doit amener Nancy à se relancer, à renouer avec son identité, singulière, audacieuse et généreuse. Je ne me suis pas engagé en politique il y a plus de vingt ans pour briguer tel ou tel mandat. Je me suis engagé pour défendre des valeurs et des convictions, dans un contexte politique qui était à l’époque très défavorable à la gauche et au PS. Je n’ai pas varié et je ne mets jamais mon mouchoir sur mes convictions. Mais une élection municipale n’est pas qu’une affaire de partis politiques.
J’ai fait le choix de Nancy, le choix de ne me consacrer qu’à mon engagement local alors que d’aucuns me suggéraient d’emprunter un chemin réputé plus aisé en direction de l’Assemblée nationale. Ce choix je l’ai fait parce que je crois en Nancy, je suis un nancéien et fier de l’être, qui veut redonner à tous ses concitoyens la même fierté de leur ville. »

Dans la majorité sortante les rôles sont clairs : Laurent Hénart à la mairie, André Rossinot au Grand Nancy. Allez-vous briguer les deux postes ? Dans le cas contraire, quels seront les postulants ?

« Je ne suis pas d’accord, les rôles ne sont pas clairs du tout ! Ce qui est clair, c’est que l’accord entre Laurent Hénart et André Rossinot pour leur liste à Nancy était au prix du Grand Nancy. Mais personne ne peut préempter de la sorte le destin de la Communauté urbaine et des élus de la majorité sont très certainement plus qu’agacés par ces petits arrangements entre amis. Ce débat viendra en son temps et en toute transparence, il reviendra aux conseillers communautaires des vingt communes de choisir leur candidat à la présidence. Si je suis élu maire de Nancy, si nous obtenons la majorité des sièges à la Communauté urbaine, la première question à nous poser sera de savoir comment nous voulons gouverner le Grand Nancy, comment chaque commune, peu importe la couleur politique de son maire, doit être pleinement intégrée et respectée à l’échelle intercommunale, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. »